26 nov. 2012

Antoine Clamaran : "L'avenir va être compliqué pour les DJ"

Avec plus de 30 ans de carrière, Antoine Clamaran porte un regard aiguisé sur l'évolution du DJing et son avenir qui sera "difficile"...

10 ans résident en province, 10 ans à Paris, 10 ans en indépendant en France et autour du monde, le DJ français a connu tous les modes de vie des DJ depuis ses débuts en 1982 au Whisky à Gogo. Outre les célèbres "Gay Tea Dance" du Palace, des résidences au Queen et aux Bains, Antoine Clamaran s'est fait connaître par ses productions et ses émissions de radio sur FG et Fun Radio notamment. Alors qu'il pousse actuellement son projet "Republic" avec 4 autres DJ français, il nous donne sa vision du métier.

Comment as-tu vu évoluer le milieu des DJ ces dernières années ?

Le milieu du DJing vient de subir deux phénomènes : la crise depuis 2 ans et le fait que le métier devient de plus en plus populaire, avec de plus en plus de DJ qui réussissent. Comme certains sont très connus, les patrons de club et les programmateurs de festival les font venir en priorité, au détriment des autres.
En l'espace de 6 ans, les choses ont complètement changé. Avant, c'étaient les DJ qui produisaient, maintenant, ce sont de jeunes musiciens qui deviennent DJ, c'est le cas d'Avicii par exemple. La technique est devenue plus accessible. S'il n'y avait encore actuellement toujours que des vinyles, certains DJ n'émergeraient pas. 
De plus, aujourd'hui, le concept de "concert de DJ" se développe, alors qu'avant les DJ n'étaient là seulement que pour mettre l'ambiance. Une petite minorité du public fait attention à ce que le DJ fait, mais la grande majorité ne comprend pas. Les spectateurs viennent le voir pour les titres qu'il produit, pas pour son mix.

Et les DJ français ?

Nous avons une vraie richesse en termes de jeune génération en France même si certains manquent un peu de patience. La plupart des DJ qui ont explosé ont plus de 30 ans, ils sont très rarement plus jeunes… sauf quand ce sont des producteurs à l'origine. Avant, avec la vente de 3 000 ou 4 000 vinyles, on pouvait vivre sans un boulot à côté et donc avoir du temps pour travailler le mix, tourner et apprendre. Aujourd'hui, c'est beaucoup plus difficile de démarrer même si l'émergence rapide de certains peut faire croire le contraire.
De plus, il existe des solidarités en termes de nationalité à l'étranger où chacun défend son poulain. Nous avons peut-être pêché en France en ne s'aidant pas les uns les autres. C'est pour cette raison que nous avons monté le projet "Republic" l'an dernier à Miami avec 4 autres DJ français : Gregori Klosman, Tristan Garner, Michaël Canitrot et Sébastien Benett. Nous nous connaissions et nous apprécions tous, nous avons donc décidé d'un projet commun, même si nous sommes différents.


Comment as-tu vu évoluer la musique électronique ces dernières années ?

Depuis 2 ou 3 ans, les Américains ont commencé à en jouer et ça a mis tout le monde d'accord. Ils se sont rendus compte qu'il y avait un marché, alors qu'il était inexistant auparavant aux Etats-Unis. Vers 2004 ou 2005, la polka s'y vendait plus que la musique électronique en chiffre d'affaires et en volume ! Cette musique avait plus d'importance en Europe, alors que bizarrement il y a de très grands DJ aux Etats-Unis... Il n'y avait que la Winter Music Conference de Miami, quelques événements à Los Angeles et les clubs de New York ou quelques uns à Boston, mais c'était compliqué car ils fermaient presque partout à 1 h du matin. Alors que maintenant Las Vegas est devenu le plus grand club du monde et il y a des festivals dans toutes les villes. Avant, des rappeurs n'auraient pas chanté sur de l'électro ! David Guetta a été un déclencheur de ce mouvement.

Comment vois-tu l'avenir ?

L'avenir va être compliqué pour les DJ, même si ceux qui travaillent et s'accrochent pourront y arriver. Il y a aujourd'hui beaucoup plus d'aspects à gérer dans une carrière comme l'image, et il faut un booker, un attaché de presse, etc. Si tu n'entres pas dans le moule, c'est difficile. Pourtant, je pense que les jeunes ne doivent pas calquer leur parcours sur celui de DJ existants, mais avoir leur identité, se démarquer, même si on a tous des modèles en termes techniques ou de show.
Les années 1990-2000 ont été celles des mannequins, les années 2000-2010 celles des DJ. Actuellement, la barre est très haut avec David Guetta, Tiësto, Armin Van Burenn ou Afrojack. La demande des gens va changer, celle des clubs change déjà, ils veulent sortir de leur dépendance aux DJ car certains ont fermé en raison de la surenchère des cachets, surtout dans les pays où il y a des gros problèmes économiques, comme en Grèce, ou politiques, comme dans les pays Arabes, même si d'autres scénarios sont possibles, comme aux Etas-Unis ou au Brésil.

Bonus :

- les mixs "All night Long" d'Antoine Clamaran sont en téléchargement gratuit sur son site (rubrique "Radio show").

14 nov. 2012

Le blog DJ TechTools explique aux DJ comment sortir de leur chambre

Avec les nouvelles technologies, la musique et le mix sont devenus de plus en plus accessibles. Résultat : il y a de plus en plus de DJ sans qu'il y ait pour autant plus de places dans les clubs.
Le blog DJ TechTools consacre un intéressant post (en anglais) aux conseils utiles pour faire sortir les "bedroom DJ" de leur chambre.

Voici les 8 principaux problèmes relevés :
- Vous ne vous êtes pas identifié comme un DJ ;
- Vous ne pratiquez par régulièrement ;
- Vous ne suivez pas les événements dans lesquels vous espérez jouer un jour ;
- Vous avez peur du "non" ;
- Vous ne recherchez pas de retour de la part d'inconnus ;
- Vous cherchez des followers plutôt que des fans ;
- Vous n'organisez pas de soirées et ne produisez pas de musique ;
- Vous pensez au DJing comme un hobby.

Ces critiques sont assorties de suggestions pratiques adaptées au fonctionnement actuel des réseaux sociaux.

Et cet article vous permettra peut-être, comme moi, de découvrir ce blog qui propose de nombreuses ressources et tutoriaux pour les DJ.