28 janv. 2013

Brodinski : "Tout le monde pense que c’est facile d’être DJ"

DJ de la génération Internet, Brodinski a vite rencontré le succès grâce à sa détermination à exercer ce métier...

Après avoir interviewé un certain nombre de vétérans du DJing français, il était temps d'apporter un peu de fraîcheur... avec un vrai passionné qui a fait ses premières armes du côté de Reims et qui après 5 années de carrière tourne partout dans le monde, multiplie les remixs et les maxis et a monté son label, Bromance. Si Brodinski a aujourd'hui 25 ans, il porte un regard affuté sur le milieu des DJ alors même qu'il n'a jamais acheté de vinyle ! Son seul guide : la passion.

Comment es-tu devenu DJ ?

Je n’ai jamais acheté de vinyles, je n’ai pas eu la chance d'aller dans un magasin de disques, d’avoir des tests pressing et de les jouer en club. Je suis vraiment de la génération de l'Internet qui donne un accès infini à la musique, c'est une bibliothèque dont toutes les portes sont ouvertes. En 4 ou 5 ans, avec 8 heures de recherche par jour, j'en ai appris autant qu’en 10 ans à acheter des vinyles.
Le côté DJ m’a toujours intéressé dans la musique. Mon message numéro un : je suis un DJ qui produit de la musique et pas un producteur qui fait le DJ. En effet, pour les producteurs aujourd'hui, être DJ est la seule façon de se faire de l’argent, car c'est beaucoup plus difficile de vendre de la musique. DJ est ce que j’avais envie de faire, je voulais faire un Suck my Deck et un Fabric et tourner toutes les semaines… j'y suis arrivé.

Comment vois-tu le boulot de DJ ?

C’est de rester ouvert et à l’affut. J’écoute environ 30 nouveaux morceaux par jour, je suis un boulimique, j'ai besoin de musique. J’ai mes petits rituels, je rentre chez moi et je télécharge les morceaux. Puis je les réécoute le lendemain pour voir ce que je peux jouer dans mes sets. Parfois je fais un petit voyage dans le temps et je vais m’intéresser par exemple à la musique de Detroit de 1991 à 1997. Je réécoute tout et je peux ajouter des classiques dans mes sets car j’ai envie de faire découvrir des choses aux gens.
Les termes, techno, house ou électro ne veulent rien dire pour moi. J'écoute de la musique électronique en général et je joue de tout : j’aime Justice et Robert Hood. Il faut rester ouvert, le boulot de DJ c’est de savoir jouer le bon morceau au bon endroit. Jouer un nouveau morceau pour moi est toujours un plaisir absolu.


Pourquoi avoir lancé ton label ?

La musique électronique est différente des autres musiques, c’est imprévisible. J’ai créé un label en 2012 - la chose à ne pas faire au niveau du business - qui a eu plein de retombées pour nous, alors que nous n’imaginions pas en avoir. Nous pensions juste investir de l'argent à perte pour se faire plaisir. Nous en avions marre des labels qui décidaient des dates de sorties, nous voulions choisir. Et aujourd’hui nous nous faisons plaisir en sortant par exemple un coffret vinyle. L’ampleur prise par le développement de Bromance, ses artistes et ma carrière a dépassé ce que j’aurais imaginé. Nous pouvons aujourd’hui remplir des salles de 1 000 ou 2 000 personnes partout en France, je n'aurais pas pu l'imaginer il y a un an.

Comment as-tu vu évoluer la scène DJ ?

Ce qui est bien est qu’aujourd’hui des gamins de 17 ans peuvent m’envoyer de la musique très bien produite. Ce qui l’est moins c’est que les gens ne font pas la différence entre quelqu’un qui sait faire le DJ et quelqu’un qui ne sait pas. Il y a des DJ qui font ça parce que c'est à la mode, mais je pense que ça existait déjà avant. C'est devenu beaucoup plus simple aujourd'hui, donc tout le monde pense que c’est facile d’être DJ. J’essaie de ne pas trop me poser la question. J’ai 25 ans et parfois je me sens vieux par rapport à la façon dont la musique évolue aujourd’hui.

Bonus :

- Un mix de Brodinski pour Le Mouv' :



(photo : Dimitri Barclay)

22 janv. 2013

Hand Control, le retour du site en français sur le turntablism

Le site français sur le turntablism Hand Control a réouvert ses portes en octobre 2012. Mr Style, un des responsables du projet - et membre du groupe Pulpalicious -, nous raconte ce retour et ce que vous pouvez trouver à cette adresse très prisée, par le passé, du microcosme des DJ scratcheurs. (pour info, j'ai fait quelques interview pour ce site...)

Quelle est l'histoire de Hand Control ?

Hand Control a été pendant longtemps pour beaucoup de DJ un forum d'échanges, de partages et de rencontres. Il a été la relève du site de DJ Need de Birdy Nam Nam qui, auparavant, avait monté un forum très influent dans le milieu. Après sa fermeture, nous avons pris les choses en main avec SamSaScratch - ancien modérateur de need.com - et K$ afin de permettre aux DJ de pouvoir continuer de se retrouver autour d'une passion commune. C'était aussi les débuts de l'ère des forums, c'était en quelque sorte les premières plate formes communautaires.

Comment le site a évolué aujourd'hui ?

Avec l'évolution d'internet, il était inutile de continuer avec un forum. Avec Facebook, Twitter et compagnie, les internautes n'ont plus vraiment d'intérêt à se perdre dans un forum où alors quelques irréductibles, mais ça ne représente pas une majorité. L'intérêt n'est plus là. On le remarque bien à travers les statistiques du site. Le taux de fréquentation explose dès l'annonce de nouveaux articles sur les réseaux sociaux. Nous sommes nous-même étonnés parfois. Mais ça nous a permis aussi de nous rendre compte que les internautes avaient besoin d'un média d'une certaine qualité. Ce que nous nous efforçons de faire et travaillons pour le devenir.


Pourquoi un tel site ?

Par passion d'un mouvement qui tendait à disparaître auparavant et qui revient progressivement. Pour les activistes de la discipline, nous avons tous un rôle à jouer. Il y a des groupes comme C2C ou Birdy Nam Nam qui, mine de rien, font un véritable travail de reconnaissance de la pratique aux yeux d'un public "non averti" et nous, média, nous nous devons également d'être un véritable relai d'information aussi bien pour les avertis que pour les néophytes.

Que trouve-t-on sur Hand Control ?

Un peu de tout et de rien comme nous avons toujours fais. Mais je pense que cette fois, pour cette ultime version du site, les choses sont un peu plus structurées avec une petite équipe sympa derière. C'est un début. Le site tend à évoluer vers de belles choses. Nous essayons de faire participer les internautes et des artistes à son fonctionnement.  Il y a des articles, des news, de la vidéo, de belles photos... Nous sommes aussi beaucoup à l'écoute des internautes et de leurs demandes. Notre but est d'être un véritable média où tout le monde y trouve son compte même les plus gros haters.

(Mise à jour 8/12/13 : le site a fermé ses portes environ un an après son ouverture...)

14 janv. 2013

Les DJ, maîtres des raga

Lorsqu'ils mixent, les DJ tiendraient-ils compte, sans le savoir, des raga ? Cette question vient de surgir dans mon esprit en découvrant la signification de ce mot indien.

D'origine sanscrit, ce terme signifie la mélodie, il est très proche de "rang", la couleur, note l'auteure Mira Kamdar. "Un raga, c'est la couleur particulière d'une émotion musicale, une émotion qui ne peut être véritablement ressentie que si on l'écoute au moment où le cosmos s'y prête", explique-t-elle.
Les raga sont à la base de la musique indienne, ils sont au nombre de 6 et guident les musiciens selon la période de la journée, comme l'indique l'infographie ci-dessous qui demande un peu de temps pour être décryptée :


D'aucuns pensent que j'ai abusé de la pipe à opium. D'autres commencent à voir où je veux en venir.
Les musiciens indiens suivent donc ces principes pour adapter leur style selon s'ils jouent le matin, l'après-midi, au crépuscule, le soir, la nuit ou à l'aube. Chaque créneau appelant une émotion particulière.

De même, les DJ, en fonction de la période à laquelle ils jouent, début de soirée, peak time, after, etc. adaptent leur sélection et donnent une couleur différente à leur mix. S'il n'existe pas de règle établie pour les guider, ils sentent par eux-même quel morceau ira dans quelle ambiance...
Ils suivent donc eux aussi des sortes de raga, laissés à leur libre arbitre, lorsqu'ils recherchent les titres les plus adaptés à tel ou tel moment de la journée, en fonction des émotions qu'ils souhaitent transmettre et des réactions du public.

Tant qu'à délirer, autant aller jusqu'au bout :


(RIP Ravi Shankar)

7 janv. 2013

Viré d'un club de Miami, DJ Shadow publie le mix en cause

L'histoire du Californien viré des platines a fait le tour du web, il a publié le 30 décembre 2012 le mix en question.

Le Mansion de Miami a sans doute eu une initiative malheureuse le 14 décembre dernier en invitant DJ Shadow a cesser son mix jugé "trop futuriste" !
L'info a été reprise sur de nombreux sites et sur les réseaux sociaux avec souvent des commentaires peu élogieux pour le club en question.

Après avoir reçu des excuses publiques du Mansion, le DJ publie sur Soundcloud le mix en question... agrémenté d'une petite intro revancharde. A l'écoute du set réalisé dans le cadre de la tournée organisée à l'occasion de son best of intitulé Reconstructed, rien d'étonnant, du pur Shadow entre électro et hip-hop avec quelques montées explosives.
De quoi laisser craindre que le Mansion ait booké un nom sans trop savoir de quelle musique il retournait... et bien qu'il reste dans le passé si ce set est trop futuriste pour eux !

1 janv. 2013

La popularité des DJ selon les réseaux sociaux

Afin de mesurer la popularité des DJ, voici quelques graphiques réalisés à partir des données disponibles sur Twitter et Facebook.