18 mars 2013

Conférences du Mixmove : DJ organisez-vous !

Deux conférences à destination des DJ se déroulaient le 17 mars 2013 au Mixmove. Retour sur quelques conseils et points de vue...

Entre la bataille de sound system des différents stands et un œil sur la finale de la Coupe de France DMC de DJing (remportée par le rennais DJ Adjectif), il était possible d’assister à deux conférences, casque sur la tête pour entendre les intervenants, intitulées « Comment gagner sa vie en tant que DJ ou producteur ? » et « La charte du DJ : un projet mobilisateur ! ».

Lors de la première, très suivie, Jean-Marie Koné, DJ-producteur et représentant de l’association Technopol, a conseillé aux aspirants DJ de multiplier les activités pour espérer vivre de ce métier. « Etre salarié dans un club ne permet pas de vivre, les cachets de DJ seuls non plus et la vente de morceaux ne rémunèrent pas », affirme-t-il. Il recommande donc d’être indépendant, de faire des lives – source plus conséquente de revenu – et tout de même de produire pour se faire connaître des labels indépendants, les majors ne faisant plus ce travail de découverte d’artistes.
« C’est possible d’être DJ, mais il faut le faire vraiment sérieusement, c’est du 7 jours sur 7 et pas seulement du travail le week-end, considère Jean-Marie Koné. Le chemin est long, mais il est possible de prendre sa place. Pour cela, il faut bosser, bosser, bosser, bosser, bosser. » Le message est clair.

La seconde conférence, lors de laquelle il était question du statut des DJ défendu par la charte élaborée par Technopol (et dont nous avons déjà parlé) a moins attiré le public. Une discussion plus théorique que pratique, mais tout aussi intéressante sur la qualité d’œuvre d’un mix (qui rejoint plus concrètement ce qu’évoque Jean-Yves Leloup dans son dernier livre, Digital Magma).
« Si les DJ font un travail d’appropriation de la musique, le mix est une œuvre, remarque Christophe Vix-Gras de Technopol, dire ça est un pavé dans la marre du code de la propriété littéraire et artistique. » Un point de vue confirmé par Jean-Paul Bazin, président de la Spedidam : « Tout le monde est d’accord pour dire qu’un morceau est une œuvre pour un DJ qui se l’approprie… le problème est qu’il faudrait l’accord des ayants droit pour sa transformation et ceux-ci devraient recevoir des droits, ce qui pose un problème de traçabilité. »
« Il n’y a plus aucun problème pour qu’un DJ soit reconnu comme musicien, comme DJ, c’est beaucoup plus compliqué », ajoute  Jean-Paul Bazin. Toute la question est de savoir quel est concrètement le travail du DJ. « La maîtrise d’un art n’en fait pas forcément un artiste, observe Pascal Chevereau, secrétaire national du Syndicat des musiques actuelles. Les techniciens sons et lumières, par exemple, sont juridiquement considérés comme des techniciens. Il ne faut pas mélanger le travail d’auteur et l’interprétation sur scène. »

Et puis les préoccupations des deux conférences se recoupent quand Jean-Paul Bazin conseille aux DJ de s’inscrire dans les sociétés de droit d’auteur « pour être reconnu » et toucher des rétributions. « Ce ne sont pas des grosses sommes, mais c’est toujours ça de pris et puis ça peut marcher pour certains. » Jean-Marie Koné avait prodigué un peu avant un avis similaire, relevant que les synchros avec des films ou des publicités pouvaient être une source complémentaire de revenus.
Le rêve d’être DJ demande donc de s’organiser !

Bonus :

- Réécouter les conférences « Comment gagner sa vie en tant que DJ ou producteur ? » et « La charte du DJ : un projet mobilisateur ! »

- La charte du DJ de Technopol.

- Le blog de Pascal Chevereau.

10 mars 2013

Digital Magma, plaidoyer pour un DJ créateur

Le livre de Jean-Yves Leloup ressort le 14 mars 2013 dans une version augmentée, l'occasion de relire la partie intitulée "Mix" qui présente le DJ comme un créateur...

Après une première édition sortie en 2006 chez Scali et épuisée, Digital Magma ressort donc avec un texte actualisé chez Le Mot et le reste. Cet ouvrage sous titré "De l'utopie des rave parties à la génération MP3" apporte une réflexion sur le fond, les pratiques, les usages et les esthétiques de la musique principalement électronique.
La figure du DJ apparaît logiquement à de nombreuses reprises au fil des pages, et surtout dans le chapitre consacré au mix. "La pratique du mix, ou le talent du DJ à enchaîner et fusionner les oeuvres, est l’un des signes les plus emblématiques de notre culture actuelle", estime l'auteur qui place donc le DJ comme un créateur. Par ces enchaînements, ce dernier considère en effet que le DJ "cultive l'art du lien et de la transition" et que même un sélecteur élabore "une suite articulée, une architecture sonore logique, de titres d’origine stylistiques, géographiques ou historiques parfois différentes."
Dans tous les cas, "il s’agit toujours d’orchestrer les disques et les sons, parfaire les transitions ou accentuer les ruptures et, de manière plus générale, construire, grâce à la musique, la narration et l’environnement d’un espace-temps donné".



Le mix est selon Jean-Yves Leloup une méta-oeuvre, "entre création authentique et art de l'ornementation", faite à partir de différents titres que le DJ est chargé d'orchestrer. Une matière première qui peut-être remaniée, preuve encore de la créativité du DJ : "Libre à l’artiste des platines de n’en extraire qu’un fragment, qu’un refrain, de varier la vitesse et la durée de chaque titre comme bon lui semble."
Il apparaît donc que "chaque oeuvre possède une infinité de variantes et d’états transitoires, obéissant à l’inspiration ou aux tendances du moment". Avec les technologies numériques, chacun peut se livrer plus facilement à l'exercice du mix, à tout le moins à la création de playlists. Ces évolutions offrant "à tout un chacun de s’immerger dans cette esthétique moderne du flux".

Bonus :

- Consulter le blog Global Techno sur lequel vous pouvez retrouver les écrits de Jean-Yves Leloup.

- Consulter Les Basiques : la musique électronique, ouvrage hypermédia de Jean-Yves Leloup.

1 mars 2013

Des DJ pas si bien payés...

Mon goût prononcé pour les infographies étant désormais connu, je ne me retiens donc pas de publier celle du site TakeLessons intitulée "Music To Money" - mise en ligne fin février - et dont l'objectif est de présenter les salaires moyens des différentes professions dans le domaine de la musique.

Selon leurs chiffres, DJ n'est pas le métier qui rapporte le plus... S'il est vrai que quelques stars internationales se font encore de gros cachets (voir le classement Forbes), les autres ont plutôt fait face à une baisse de leur rémunération ces dernières années.
Comme dans d'autres domaines de l'économie, les inégalités se creusent !