29 oct. 2012

Broken Drop mélange beatmaking et scratch sur un premier maxi

Jean du Voyage et Kraps allient leurs connaissances du beatmaking et du scratch sur le Patience EP au goût abstract hip-hop...

Alors que la scratch music se démocratise, les groupes prenant le pas de Birdy Nam Nam, C2C, Scratch Bandits Crew ou Pulpalicious sont encore peu nombreux. Des beats qui claquent patiemment, des guitares séduisantes, des mélodies tranquilles. Ce sont quelques uns des éléments du premier maxi 8 titres de Broken Drop, sorti le 22 octobre 2012 sur BlackElk Recordings et disponible à prix libre sur Bandcamp.
Jean du Voyage, moitié du groupe, avait fait parler de lui dans les compétitions de DJing et au travers de ses "Routines du dimanche" qui montraient déjà un fort attrait pour la musicalité dans des exercices en principe plutôt techniques. Kraps a aussi fréquenté les compétitions de scratch tout en développant son goût pour la production.

"Cet EP a été réalisé sur une période de 8 mois, on a souhaité faire un premier opus qui reflétait nos différentes influences tout en gardant un fil conducteur pour ne pas trop se perdre, explique Jean. Chaque morceau a été réalisé d’une façon singulière on ne s’est pas limité à une seule façon de faire, laissant champ libre à notre créativité."
C'est ainsi que si la base est plutôt abstract hip-hop, les 2 DJ de La Rochelle évoluent aussi dans l'électronica, dévient dans la bass music et savent parfois accélérer le rythme... tout en restant cohérent.
"Souvent on part d’une idée que va compléter l’autre, ça peut être un sample ou une rythmique puis on laisse chacun développer ses idées pour finaliser les morceaux. C’est vraiment agréable de pouvoir se compléter musicalement, on explore plus de choses."


Si les platines sont assez discrètes dans l'ensemble, le côté scratch music apparaît tout de même régulièrement. La recette : "L’essentiel était de garder un bon équilibre pour que les scratchs apportent de l’énergie aux morceaux sans que cela soit trop chargé, rapporte Jean du Voyage. Sur Sab’ah, la banque de son a été réalisée en même temps que l’instru, on souhaitait un morceau bien digital où la platine soit mis en avant pour jouer les synthés ainsi que les voix à la fin."
Broken Drop a aussi fait appel à Léo au violon sur Reverside et Djéla, une chanteuse nantaise, sur Lovely Fight. Sur scène, le groupe apporte machines et platines et s'oriente un peu plus vers la bass music. "L’objectif, c’est de faire des dates pour jouer notre set et de faire découvrir notre EP à un maximum de gens."

L'avenir, pour Jean du Voyage, c'est un premier maxi en solo qui sortira en janvier sur le label BlackElk Recordings. S'il va mettre la compétition de côté, il va recommencer à faire des routines pour les internautes dès que ses projets lui laisseront plus de temps.

Bonus :

- Vous pouvez retrouver quelques morceaux du maxi de Broken Drop dans la radio du blog.

- Une des "Routines du dimanche" de Jean du Voyage :

22 oct. 2012

Armin Van Buuren détrône David Guetta du top 100 de DJ Mag

Après avoir laissé un an sa place au Français, le DJ hollandais redevient numéro 1, un rang qu'il a déjà occupé 4 années...

Test de popularité s'il en est, le classement annuel des 100 "meilleurs" DJ du magazine anglais DJ Mag offre une carte mondiale des DJ à l'heure où les réseaux sociaux sont rois pour faire les tendances. Créé en 1993, ce top "est devenu le sondage le plus respecté du genre dans le monde", nous explique Carl Loben de la rédaction de DJ Mag
Il n'est bien entendu pas vraiment question de connaître les meilleurs, mais plutôt de mesurer leur influence 2.0. Et au titre de la popularité, les Hollandais Armin Van Buuren et Tiestö, qui prend la 2e place du classement 2012, ont fait leurs preuves depuis longtemps.

Le nouveau top révélé dans la soirée du 19 octobre n'est donc pas une surprise. Notre David Guetta national y tombe à la 4e place, entouré du Suédois Avicii et du Canadien Deadmau5.
L'electronic dance music (EDM), sorte de dance 80's remise au goût du jour par des américains avides de dollars, règne donc en maître.

Et tant qu'à parler dollars, il est amusant de comparer ce classement à celui publié par Forbes en août dernier des DJ les mieux payés : Tiestö est 1er (22 millions), David Guetta 4e (13,5 millions), Deadmau5 6e (11,5 millions) et Avicii 10e (7 millions).
Les comparaisons se poursuivent avec Skrillex (10e chez DJ Mag, 2e pour Forbes), Sweedish House Mafia (11e chez DJ Mag, 3e pour Forbes), Steve Aoki (15e chez DJ Mag, 5e pour Forbes) ou Afrojack (9e dans les 2 cas).
 

Ce lien entre les deux classements relativise la futilité du top 100 de DJ Mag. En effet, ce dernier n'apparaît ainsi plus comme une sorte de concours en ligne, mais comme un moyen de monétiser sa popularité.
Les DJ ont ainsi tout intérêt à être le plus haut dans ce classement pour pouvoir demander des cachets plus élevés et multiplier leurs dates.

Une bonne nouvelle pour les Français qui apparaissent dans le top du magazine. Quoique les Daft Punk profiteront-ils de leur 44e place ? leur présence étant déjà assez étrange... "Ils resteront éternellement populaires et je pense que certains votants choisissent leur concert favori, même s'ils n'ont pas vu le groupe depuis des années", explique Carl Loben.
Les Daft devancent Martin Solveig 48e, Madeon 54e, le Franco-suisse Quentin Mosimann 74e et Bob Sinclar 94e. Justice ayant échoué de justesse à la 101e place !

Bref que du beau monde. Certains préféreront toutefois sans doute le classement de Resident Advisor qui plaçait l'an passé Richie Hawtin à la 3e place quand les lecteurs de DJ Mag lui accordent un bien lointain 78e rang...

Bonus :

- Les plus audacieux peuvent écouter les productions des DJ du top 100 de DJ Mag sur le site Track it down.

- J'ai été rapidement interviewé sur RTL en août 2012 sur le classement Forbes :

13 oct. 2012

D'Julz : "Le métier de DJ est à l'image de la société : l'apparence prime sur tout"

Le DJ français livre sa vision de la scène électronique actuelle et craint pour son avenir...

D'Julz a fêté cet été au Rex Club ses 20 ans de carrière, lui qui détient le record de la plus longue résidence dans le club parisien avec ses fameuses soirées Bass Culture. Des raves au début des années 1990 à la clôture du DC10 à Ibiza il y a quelques jours, il a écumé les clubs et produit plusieurs titres à retenir. Fort de cette expérience, il porte un regard critique sur les mutations de la scène électro et tente d'entrevoir l'avenir.

Quelle est ta vision du métier de DJ aujourd'hui ?

Le métier de DJ est vraiment à l'image de la société : l'apparence et la communication prime sur tout. La visibilité est souvent plus importante que le contenu. Dans le monde du DJing, le marketing est roi, notamment avec l'electronic dance music (EDM) aux Etats-Unis. Les Américains se sont rendus compte qu'il y avait un truc à faire avec cette musique, ils l'ont donc récupéré à coup de millions en relations publiques et en marketing.
Cela donne une espèce de dance qui reprend toutes les formules qui ont fait leurs preuves en termes d'efficacité depuis 25 ans de musique électronique. C'est complètement étudié et superficiel et ça touche un public plus vaste. Je ne suis pas persuadé que ce soit une bonne chose.

Comment penses-tu que la situation peut évoluer ?

Il y a deux possibilités, soit cela va faire découvrir la techno au sens large à une nouvelle population, et, dans le lot, 5 ou 10 % des gens vont essayer de découvrir autre chose, d'affiner leur oreille. Si c'est le cas, c'est tout bénéf'. Soit, comme pour le disco avec le mouvement "disco sucks", tout est devenu disco et cela a créé une overdose et un rejet en masse de cette musique, même du disco underground. Est-ce qu'on est à l'aube de quelque chose comme ça ?
Aux Etats-Unis tout le monde se met à cette musique et cela peut conduire à un ras-le-bol général qui va faire du tort à la scène underground. Aujourd'hui, tout le monde est DJ, même Paris Hilton, ça me fait peur. Et avec Internet, cela peut aller beaucoup plus vite que pour le disco.


Ces évolutions changent-elles le métier de DJ ?

Pour moi, un DJ c'est un mec que l'on voit très peu dans la boîte, qui n'est pas sur une scène. Il est là pour passer la meilleure musique et mettre la meilleure ambiance possible, que ce soit avant-gardiste ou commercial. La star c'est le public, c'est ce que j'ai compris à New York et dans les raves.
Il y a actuellement une stratification du DJ, les gens vont les voir comme des groupes de rock pour entendre leurs morceaux et ne dansent pas, ils prennent des photos. C'est très éloigné de ce que je fais et qui risque d'être perdu à tout jamais car cette tendance touche même l'underground.

Est-ce la faute d'Internet ?

Le côté superficiel d'Internet est un passage obligé. On utilise tous Facebook. L'intérêt d'Internet est de permettre à ceux qui veulent se faire une culture de pouvoir le faire et d'avoir accès aux soirées. Il y a toute une génération de gamins de 18 ans qui sortent aujourd'hui et qui ont une grande culture, ils connaissent les vieux morceaux que je joue, ils sont à l'affut de ça, de cette connaissance. Grâce à des sites comme Discogs ou Soundcloud, ils ont accès à des mixs, des disques, etc. Ma culture de 20 ans, on peu se la faire un mois. Ca c'est le bon côté des choses. Il y a les deux aspects, c'est très difficile de dire où ça va aller.

Bonus :

- Un podcast de D'Julz pour la série Electronic Groove issu d'un mix de mai 2012 à la Doc Martin's party LA Sublevel :