27 mai 2013

Jimmy Jay invite DJ vétérans et de la nouvelle génération sur ses Cool Sessions 3

L'ancien producteur de MC Solaar et champion de France DMC 1989 revient en 2013 avec le troisième volet de ses compilations de jeunes rappeurs.

La série des Cool Sessions débute en 1993 avec de nombreux groupes émergents de l'époque : Ménélik, Les Sages Poètes de la Rue, Sleo, Democrate D., Sens Unik et celui par lequel Jimmy Jay va connaître un large succès, MC Solaar, dont il produira les deux premiers albums. Le 2e volume de la compilation sort en 1996 avec des invités comme Lady Laistee, Bambi Cruz, Lamifa ou Movez'Lang.
Jimmy Jay sort du circuit après cette date et ne revient qu'en 2013 avec les Cool Sessions 3, disponibles depuis le 25 mai. Le concept est toujours le même : des rappeurs inconnus, dont Melodieuz, Gradubid, Kassiopaix, Panel Large, Cheguevanef, Austin, etc. viennent poser sur les productions du DJ.

Pour réaliser les interludes de ce nouveau disque, Jimmy Jay a fait appel à ses amis des débuts et à la nouvelle génération de DJ scratcheurs. Ces courts extraits viennent dynamiser l'ambiance plutôt downtempo des titres avec des MC et apporter un vent de nouveauté avec des sons plus modernes.
La compilation gagne ainsi en équilibre et en couleurs musicales avec ces passages instrumentaux.


Jimmy Jay a fait l'essentiel de ces interludes, se permettant des sonorités plus actuelles que sur les autres morceaux. C'est le cas pour l'électro assez mentale réservée à Crazy B ou pour l'extrait plus efficace destiné à Cut Killer. Les deux strasbourgeois, DJ Nelson et DJ Q, apparaissent aussi dans cette veine.
Quelques invités ont fait eux-mêmes leur production, notamment R-Ash accompagné de Silent - avec qui il forme le groupe Vand Vand - et Mr Viktor en duo avec Deska dans une voie assez électro.

Du côté des extraits plus classiques, le Rennais DJ Freshhh scratche sur un Pump Up The Volume à l'ambiance G-funk groovy signée Jimmy Jay, comme le passage sur lequel intervient avec dextérité Daddy K. Le DJ belge, connu pour avoir épaulé Benny B, est le seul étranger, DJ Premier n'ayant finalement pas pu participer au projet. Duke et Logilo font aussi dans les beats classiques, composés par leurs soins, avec efficacité et réussite.
Une seule interlude sort de ce schéma, celle de Boombass - moitié de Cassius qui était aux côtés de Jimmy Jay aux débuts de Solaar - qui produit le morceau alors que l'ancien champion de France DMC réalise les scratchs.

Si les titres avec les rappeurs ne sont pas tous du même niveau, réservant de bonnes surprises (Melodieuz ou Gradubid) et quelques passages très old school, les pistes avec les DJ sont toutes homogènes et de bon niveau.

Bonus :

- Retrouvez dans le lecteur du blog un enchaînement des interludes de Mr Viktor feat. Deska, Crazy B, Daddy K et DJ Duke.

- Le making of des Cool Sessions 3 :

21 mai 2013

Le Jad, producteur de disques à scratcher


Le Jad propose régulièrement en téléchargement des fichiers de banques de sons à scratcher et de boucles, le dernier en date : Robotor Break.

Étonnante activité que la sienne : producteur de DJ. Dans le sens classique du terme producteur, c'est-à-dire qu'il les accompagne dans leur processus de création, les manage, les soutient. Mais aussi dans le sens moderne du terme : compositeur. Le Jad a d'ailleurs lui-même été DJ par le passé, pratiquant plus le mix que le scratch, notamment sous l'influence de DJ de musique électronique considérés comme de bons techniciens.

Tu as une importante production d'outils pour DJ, peux-tu nous parler de ce que tu proposes et de leur utilité pour un DJ ?

J'ai encore quelques outils disponibles en vinyle, mais tout passe en ce moment au digital. Je propose des disques au contenu assez varié, des instrumentaux, des banques de samples pour le scratch, des boucles... une énorme matière première pour les DJ qui veulent s'entraîner ou composer leurs routines.

Peux-tu présenter Robotor Break qui vient de sortir, et nous dire en quoi est-il différent des skip proof que tu sors régulièrement ?

Robotor est dans la lignée des précédents disques, mais il a une production au style plus actuel. Les drum kits, basselines, rythmiques sont proches de ce qui se fait en drum'n bass, dubstep, trap...
Et Robotor est complet avec des banques de synthés, des instruments, du scratch, des beats épurés, et surtout 50 skip proofs, entre beats bouclés, grosses basslines, synthés, scratch... tout pour créer une routine avec une matière presque totalement inédite.


Comment se renouveler dans ce type d'exercice ?


Il faut s'attaquer à différents styles de production, parfois puiser dans le passé, et ne jamais faire un disque parce qu'il faut en faire un. Il m'arrive de ne pas produire pendant un mois, et ensuite de faire un disque en 2 ou 3 jours.
C'est comme ça qu'on se renouvelle, en regardant des vidéos de turntablism, en écoutant différentes musiques, en ayant une envie qui monte puis la rapidité de production, l'aisance acquise avec les années qui permet de mettre à plat ce qu'on a envie ! Se renouveler, c'est aller là où on veut et parfois faire ce que les utilisateurs souhaitent - je leur demande toujours.

Ces disques sont disponibles en numérique pour être utilisé avec des émulateurs de vinyles, comment ces émulateurs ont changé la manière de faire des shows ?

Avant de sortir des disques en digital, mes disques étaient déjà utilisé en DVS. Maintenant, tout le monde touche un peu à la production, avec le numérique, les DJ n'usent pas la matière, elle reste intacte. Et ils peuvent tout réarranger, copier, coller, faire leur propre disque et leur propre banque de sons. Ils peuvent raccourcir mes beats, qui ont toujours plusieurs variantes, choisir leur passage préféré...
C'est à mon sens idéal, même si des projets sur vinyle vont voir le jour, car le vinyle reste inégalé !

Bonus :

- Ecoutez des extraits de Robotor Break :



- Une vidéo de DJ Circutcision qui scratch sur le Extractor Break de Le Jad :

17 mai 2013

Vinyle : une lente agonie pleine de sursauts

Le vinyle, cher à certains DJ, a vécu son heure de gloire entre 1970 et 1990, mais connaît depuis régulièrement des sursauts dans son agonie.

Tué par le CD au tournant des années 1990, le vinyle représentait encore près de 70 % du chiffre d'affaires de l'industrie du disque en France en 1985, selon les statistiques du Snep.
Il est passé sous le pourcent en 1993 et a touché le fond en 2006 à 0,11 %... avant de repasser à 1,22 % en 2012 alors que le numérique a, à son tours, supplanté le CD.

Ce support connaît en effet un léger renouveau depuis 2009, grâce à l'intérêt retrouvé du grand public, avec plus de 329 000 unités écoulées l'an passé.
Mais il avait déjà connu un pic en 2000 - avec 3 années au-dessus du million de 33 et de 45 tours vendus - sous l'impulsion du succès du rap et de la musique électronique, avant de replonger avec ce que certains appellent la "crise du disque" (mais qui devrait s'appeler "l'absence totale d'adaptation de l'industrie du disque face à l'émergence d'Internet", voir aussi le bonus ci-après).




Ces données sont toutefois contestées car elles ne prendraient pas en compte toutes les ventes.
"Les chiffres que nous avons en France sont assez aléatoires, explique Fabrice Bonnet d'EMI Music France dans un Star Story diffusé en octobre 2012 sur D17 et consacré à l'histoire du vinyle. On estime les ventes de vinyles à l'année entre 300 000 et 500 000, sachant que le Snep ne comptabilise pas tous les disquaires indépendants. Il y a donc une grosse déperdition et les chiffres sont assez flous sur le marché français."

Le récent engouement est soutenu par des événements tels que le Disquaire day et par les maisons de disques qui arrivent ainsi à écouler quelques supports physiques et à faire vivre leur back catalogue. Tant que la qualité est au rendez-vous, pourquoi pas...
Cette mode offre-t-elle son dernier sursaut à un support délaissé par la majorité des DJ ou les amateurs de son de qualité vont-ils le sauver face à la suprématie des fichiers numériques compressés ? Rendez-vous en 2032 pour le savoir.

Bonus :

- Au sujet des supports musicaux, je vous recommande le livre L'Industrie du disque de Nicolas Curien et François Moreau (La Découverte) qui, bien que datant de 2006, contient des analyses très pertinentes.
Ainsi cette explication "alternative" (à celle du piratage) à la crise du disque : "Les supports de la musique enregistrée suivent le cycle de vie des produits classiques - démarrage, croissance, maturité, déclin -, le CD amorçant sa phase de déclin dans les années 2000. La crise des années 1980 était due à la fin du cycle du vinyle, sans que la cassette préenregistrée offre un relais de croissance suffisamment important. L'histoire semble aujourd'hui [en 2006 donc] se reproduire, puisque l'arrivée à maturité du CD, à l'issue du processus de reconstitution des collections de vinyles, survient alors qu'aucun support physique ne semble prêt à lui succéder."