17 mai 2013

Vinyle : une lente agonie pleine de sursauts

Le vinyle, cher à certains DJ, a vécu son heure de gloire entre 1970 et 1990, mais connaît depuis régulièrement des sursauts dans son agonie.

Tué par le CD au tournant des années 1990, le vinyle représentait encore près de 70 % du chiffre d'affaires de l'industrie du disque en France en 1985, selon les statistiques du Snep.
Il est passé sous le pourcent en 1993 et a touché le fond en 2006 à 0,11 %... avant de repasser à 1,22 % en 2012 alors que le numérique a, à son tours, supplanté le CD.

Ce support connaît en effet un léger renouveau depuis 2009, grâce à l'intérêt retrouvé du grand public, avec plus de 329 000 unités écoulées l'an passé.
Mais il avait déjà connu un pic en 2000 - avec 3 années au-dessus du million de 33 et de 45 tours vendus - sous l'impulsion du succès du rap et de la musique électronique, avant de replonger avec ce que certains appellent la "crise du disque" (mais qui devrait s'appeler "l'absence totale d'adaptation de l'industrie du disque face à l'émergence d'Internet", voir aussi le bonus ci-après).




Ces données sont toutefois contestées car elles ne prendraient pas en compte toutes les ventes.
"Les chiffres que nous avons en France sont assez aléatoires, explique Fabrice Bonnet d'EMI Music France dans un Star Story diffusé en octobre 2012 sur D17 et consacré à l'histoire du vinyle. On estime les ventes de vinyles à l'année entre 300 000 et 500 000, sachant que le Snep ne comptabilise pas tous les disquaires indépendants. Il y a donc une grosse déperdition et les chiffres sont assez flous sur le marché français."

Le récent engouement est soutenu par des événements tels que le Disquaire day et par les maisons de disques qui arrivent ainsi à écouler quelques supports physiques et à faire vivre leur back catalogue. Tant que la qualité est au rendez-vous, pourquoi pas...
Cette mode offre-t-elle son dernier sursaut à un support délaissé par la majorité des DJ ou les amateurs de son de qualité vont-ils le sauver face à la suprématie des fichiers numériques compressés ? Rendez-vous en 2032 pour le savoir.

Bonus :

- Au sujet des supports musicaux, je vous recommande le livre L'Industrie du disque de Nicolas Curien et François Moreau (La Découverte) qui, bien que datant de 2006, contient des analyses très pertinentes.
Ainsi cette explication "alternative" (à celle du piratage) à la crise du disque : "Les supports de la musique enregistrée suivent le cycle de vie des produits classiques - démarrage, croissance, maturité, déclin -, le CD amorçant sa phase de déclin dans les années 2000. La crise des années 1980 était due à la fin du cycle du vinyle, sans que la cassette préenregistrée offre un relais de croissance suffisamment important. L'histoire semble aujourd'hui [en 2006 donc] se reproduire, puisque l'arrivée à maturité du CD, à l'issue du processus de reconstitution des collections de vinyles, survient alors qu'aucun support physique ne semble prêt à lui succéder."

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