26 août 2012

Bill Brewster et Frank Broughton continuent leur récit de l'histoire des DJ

Les auteurs anglais de Last Night a DJ Saved My Life - la bible de l'histoire des DJ -, sortent un livre d'interviews des légendes des platines...

Sobrement intitulé The Record Players (Virgin Books), cet ouvrage vient d'être publié en anglais. Les DJ interrogés "ont fait de la recherche et de la diffusion de la musique le centre de leur vie. Et dans leur quête de partage de grands disques avec leurs danseurs et auditeurs ont changé l'évolution de la musique populaire", indiquent Bill Brewster et Frank Broughton en introduction.
Depuis la sortie de leur ouvrage référence, ils ont fait vivre leur recherche et leur passion pour l'histoire des DJ au travers du site DJHistory.com qui donne accès à de nombreuses références musicales, littéraires, etc.

 
Il a aussi permis aux deux auteurs de publier de nombreuses interviews dont 46 sont aujourd'hui compilées dans The Record Players. Et le casting est de luxe avec Terry Noel, premier DJ à mixer des disques, Tom Moulton, inventeur du remix, les stars de l'époque disco new-yorkaise comme David Mancuso ou Nicky Siano, les pionniers du hip-hop, dont Kool Herc, Grandmixer DS.T ou Africa Bambaataa, et de Détroit, Juan Atkins, Derrick May et Jeff Mills.
Parmi les contemporains figurent des personnages aussi variés que Pete Tong, David Morales, Andrew Weatherall, DJ Shadow, Norman Cook/Fatboy Slim et même DJ Tiestö. Seul Français : François K, plus connu à New York qu'à Paris...

Les textes sont accompagnés de photos et de sélections de disques en lien avec l'interviewé, permettant de se replonger dans les différentes époques évoquées.
Un travail de mémoire toujours utile pour rappeler la riche histoire des DJ et réhabiliter certains oubliés.

Bonus :

- 62 pages de cet ouvrage sont en téléchargement gratuit sur le site DJHistory.com.

17 août 2012

DJ Shadow, retour sur sa période MPC

Le Californien continue de recycler son stock de matériaux sonores dans un album d'inédits composés entre 1992 et 1996...

"J'aime publier à la suite d'un nouveau disque un projet d'archives de qualité, explique DJ Shadow sur son site Internet. Aussi longtemps que les anciens morceaux illustrent un contexte et ne font pas d'ombre aux nouveaux, je pense que c'est un exercice sain pour moi, qui me réétalonne quelle que soit la voie musicale devant moi. Je pense que c'est important de revisiter le passé pour déterminer la direction à prendre."
Avec cette ligne directrice, l'Américain s'est plusieurs fois penché sur son stock de musique... le fait que ses nouvelles productions ne soient pas toujours à la hauteur de ses anciennes compositions y est peut-être aussi pour quelque chose.

Après plusieurs sorties sous le nom The 4-track era en 2008 et 2009, il revient à sa période sampleur MPC avec Total Breakdown : Hidden Transmissions From The MPC Era, 1992-1996 et une certaine prodigalité puisque cet album compte 27 pistes.
Ces dernières nous replongent dans la période de l'acid jazz, et des fameuses compilations Headz de Mo'Wax qui regroupaient toute cette scène. Les caisses claires claquent et les grosses caisses résonnent, dans un style centré sur les rythmiques, avec des compositions assez dépouillées.


Au milieu de cet ensemble volumineux mais assez cohérent, quelques extraits se détachent comme ce Heavy Mood reposant sur le même sample qu'Illusions de Cypress Hill ou cette ébauche qui donnera le titre Giving Up The Rest sur The Private Press, second album de DJ Shadow (si l'on excepte Preemprive Strike qui était déjà un retour sur le passé).
Cet album contient aussi les instrumentaux d'un maxi qui n'a jamais vu le jour pour Gift Of Gab, dont Perilous Journey - un des meilleurs passages de ce volume - et le morceau qui deviendra Six Days quelques années plus tard.

Ce disque est au final plutôt agréable à l'écoute même s'il sonne souvent un peu daté. Les fans du Californien seront sans doute les plus ravis par cette sortie qui lui permettra de vendre quelques T-shirts et posters en plus des CD et vinyles proposés...

Bonus :

- Le titre Affections issu de ce nouvel album est en écoute dans la radio du blog.

- Pour l'occasion, DJ Shadow a exhumé une vidéo de 1995 de son studio... un peu en bordel :



- Et un autre bonus qui n'a rien à voir : vous trouverez dans la radio du blog 2 extraits de l'album de DJ Kentaro, Contrast (Ninja Tune), sorti début août. L'album du champion du monde DMC 2002 ne m'a pas tout à fait convaincu, mais les titres choisis, Crossfader avec Kid Koala (qui sort un nouveau disque) et D-Styles et Next Page (Dora) avec C2C (qui tourne toujours), sortent un peu du lot.

8 août 2012

Kid Koala, le blues du sampleur pour son 4e album

Avec 12 bit Blues (Ninja Tune), le Canadien revient à l'essence de la production hip-hop pour produire un album de blues à l'ancienne...

Kid Koala est sans doute le DJ qui a le plus exploré le concept de la composition de morceaux à partir des platines seules. Plus que l'art du sample, c'est l'art de sa manipulation du vinyle qu'il a poussé à son maximum avec 3 albums, Carpal Tunnel Syndrome, Some of My Best Friends are DJs, et Your Mom's Favorite DJ (tous chez Ninja Tune), entièrement réalisés grâce à sa dextérité en passe-passe et en scratch.
Nous l'avions laissé avec sa bande dessinée Space Cadet - accompagnée d'une bande son -, le revoilà pour 12 bit Blues, qui sort le 17 septembre 2012. S'il change de méthode de création, les platines restent toujours présentes, notamment pour jouer avec les voix rocailleuses du style qu'il a choisi de revisiter. "Quand tu suis les routes musicales à partir du rock, ou même du hip-hop, tu verras qu'elles viennent du blues. Cette musique est à l'origine de bien des choses que j'aime écouter", nous explique-t-il.

C'est muni de plusieurs sampleurs, dont le fameux SP 1200, qu'il a construit les morceaux de ce nouvel album à la texture poussiéreuse et au groove séduisant, sans doute son plus abouti depuis Carpal Tunnel Syndrome. La plupart des samples étant échantillonnés en 12 bit, le titre du disque était tout trouvé.
Avant son passage à Paris le 30 septembre 2012, nous lui avons posé quelques questions sur ce 12 bit Blues :

Y a-t-il une histoire entre toi et le sampleur SP 1200 ?

La plupart de mes mentors à la production, comme Mario C. des Beastie Boys et Dan The Automator m'avaient tous dit que j'aimerais utiliser cette machine. Mes albums préférés de rap, dont ceux de Public Ennemy, ont été produits avec un SP 1200. J'ai décidé de l'utiliser pour faire un album de blues. Il a un son rude bien à lui. C'est une technologie de sample assez primitive par rapport aux normes actuelles, mais il dépoussière les sons très correctement. J'aime quand les choses sonnent un peu cassées. J'ai fait des découpes sur le SP 1200, je n'ai pas utilisé un séquenceur, et j'ai joué chaque partie en temps réel.

Est-ce le secret du groove et de ce grain à l'ancienne de tes morceaux ?

Définitivement, ça remue un peu ici ou là, mais ça me semble très naturel. C'est un peu comme ces vieux disques de blues sur lesquels une personne joue de la guitare et tape simplement du pied plutôt que d'avoir un batteur. Cela fonctionne ensemble d'une manière ou d'une autre.

Il y a toujours un côté ludique dans ta musique. Lors de la tournée Space Cadet, il y avait même des jeux à l'entrée du concert. D'où cela vient ?

Je veux juste mettre au point et interpréter des concepts que je trouve divertissants et surprenants. Avec Space Cadet, il s'agissait de créer son propre planétarium. J'adorais aller dans les centres scientifiques quand j'étais enfant et j'ai de très bons souvenirs des séances de lecture de contes à la bibliothèques de l'école élémentaire. Cela me semblait logique de faire la tournée Space Cadet dans ce format. Cela collait au tempo et à l'esprit de la musique que je devais jouer de la bande originale de la bande dessinée.
Avec 12 bit blues, c'était le même challenge. Certains des morceaux du disque sont narratifs. J'ai pris des poupées et des danseurs pour cette tournée, cela va être excellent !


A côté de ce nouvel album, Kid Koala a une double actualité avec Dan The Automator, avec qui il a déjà travaillé à plusieurs reprises par le passé, sur l'excellent album concept Deltron 3030 et le déjanté Lovage, Music to Make Love to Your Old Lady By.
Le premier est Deltron 3030 Event II qui est en préparation depuis des années et désormais achevé. Les nouveaux morceaux ont été présentés lors de plusieurs concerts où ils étaient accompagnés d'un orchestre de 16 membres et d'un choeur. "C'est vraiment appréciable d'avoir des arrangements de cordes et des cuivres joués par un orchestre sur scène", estime-t-il.
L'autre projet est Pillowfight avec la chanteuse Emily Wells. "J'ai rencontré Emily dans un festival et nous avons joué ensemble. Je savais que Dan cherchait une chanteuse pour certains de ses morceaux et je pensais que son style pourrait convenir parfaitement", raconte le Canadien.

Bonus :

- La page de Kid Koala sur le site de Ninja Tune est aux couleurs du nouvel album, avec un titre à télécharger gratuitement (en écoute dans la radio de ce blog) et les dates de concert...

- Le clip du morceau 8 bit Blues (Chicago to LA to NY) réalisé par Kid Koala :