8 août 2012

Kid Koala, le blues du sampleur pour son 4e album

Avec 12 bit Blues (Ninja Tune), le Canadien revient à l'essence de la production hip-hop pour produire un album de blues à l'ancienne...

Kid Koala est sans doute le DJ qui a le plus exploré le concept de la composition de morceaux à partir des platines seules. Plus que l'art du sample, c'est l'art de sa manipulation du vinyle qu'il a poussé à son maximum avec 3 albums, Carpal Tunnel Syndrome, Some of My Best Friends are DJs, et Your Mom's Favorite DJ (tous chez Ninja Tune), entièrement réalisés grâce à sa dextérité en passe-passe et en scratch.
Nous l'avions laissé avec sa bande dessinée Space Cadet - accompagnée d'une bande son -, le revoilà pour 12 bit Blues, qui sort le 17 septembre 2012. S'il change de méthode de création, les platines restent toujours présentes, notamment pour jouer avec les voix rocailleuses du style qu'il a choisi de revisiter. "Quand tu suis les routes musicales à partir du rock, ou même du hip-hop, tu verras qu'elles viennent du blues. Cette musique est à l'origine de bien des choses que j'aime écouter", nous explique-t-il.

C'est muni de plusieurs sampleurs, dont le fameux SP 1200, qu'il a construit les morceaux de ce nouvel album à la texture poussiéreuse et au groove séduisant, sans doute son plus abouti depuis Carpal Tunnel Syndrome. La plupart des samples étant échantillonnés en 12 bit, le titre du disque était tout trouvé.
Avant son passage à Paris le 30 septembre 2012, nous lui avons posé quelques questions sur ce 12 bit Blues :

Y a-t-il une histoire entre toi et le sampleur SP 1200 ?

La plupart de mes mentors à la production, comme Mario C. des Beastie Boys et Dan The Automator m'avaient tous dit que j'aimerais utiliser cette machine. Mes albums préférés de rap, dont ceux de Public Ennemy, ont été produits avec un SP 1200. J'ai décidé de l'utiliser pour faire un album de blues. Il a un son rude bien à lui. C'est une technologie de sample assez primitive par rapport aux normes actuelles, mais il dépoussière les sons très correctement. J'aime quand les choses sonnent un peu cassées. J'ai fait des découpes sur le SP 1200, je n'ai pas utilisé un séquenceur, et j'ai joué chaque partie en temps réel.

Est-ce le secret du groove et de ce grain à l'ancienne de tes morceaux ?

Définitivement, ça remue un peu ici ou là, mais ça me semble très naturel. C'est un peu comme ces vieux disques de blues sur lesquels une personne joue de la guitare et tape simplement du pied plutôt que d'avoir un batteur. Cela fonctionne ensemble d'une manière ou d'une autre.

Il y a toujours un côté ludique dans ta musique. Lors de la tournée Space Cadet, il y avait même des jeux à l'entrée du concert. D'où cela vient ?

Je veux juste mettre au point et interpréter des concepts que je trouve divertissants et surprenants. Avec Space Cadet, il s'agissait de créer son propre planétarium. J'adorais aller dans les centres scientifiques quand j'étais enfant et j'ai de très bons souvenirs des séances de lecture de contes à la bibliothèques de l'école élémentaire. Cela me semblait logique de faire la tournée Space Cadet dans ce format. Cela collait au tempo et à l'esprit de la musique que je devais jouer de la bande originale de la bande dessinée.
Avec 12 bit blues, c'était le même challenge. Certains des morceaux du disque sont narratifs. J'ai pris des poupées et des danseurs pour cette tournée, cela va être excellent !


A côté de ce nouvel album, Kid Koala a une double actualité avec Dan The Automator, avec qui il a déjà travaillé à plusieurs reprises par le passé, sur l'excellent album concept Deltron 3030 et le déjanté Lovage, Music to Make Love to Your Old Lady By.
Le premier est Deltron 3030 Event II qui est en préparation depuis des années et désormais achevé. Les nouveaux morceaux ont été présentés lors de plusieurs concerts où ils étaient accompagnés d'un orchestre de 16 membres et d'un choeur. "C'est vraiment appréciable d'avoir des arrangements de cordes et des cuivres joués par un orchestre sur scène", estime-t-il.
L'autre projet est Pillowfight avec la chanteuse Emily Wells. "J'ai rencontré Emily dans un festival et nous avons joué ensemble. Je savais que Dan cherchait une chanteuse pour certains de ses morceaux et je pensais que son style pourrait convenir parfaitement", raconte le Canadien.

Bonus :

- La page de Kid Koala sur le site de Ninja Tune est aux couleurs du nouvel album, avec un titre à télécharger gratuitement (en écoute dans la radio de ce blog) et les dates de concert...

- Le clip du morceau 8 bit Blues (Chicago to LA to NY) réalisé par Kid Koala :

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