28 nov. 2013

Christine, six titres qui envoient du gros son

Entre finesse et puissance, le duo a choisi la seconde sur Death On Wheels...

En matière de scratch music, certains optent pour la mise en avant de la technique, d'autres pour une musicalité exacerbée, Christine a pris la 3e option pour son second maxi sorti le 21 octobre sur Moonkeys Music : le gros son qui secoue.
Pour concevoir leurs six titres, les deux Français Aeon Seven et Kunst Throw mélangent héritage hip-hop et énergie rock pour mener à un résultat surtout électronique.


Death On Wheels offre toutefois une certaine diversité d'ambiances. Ainsi le titre d'ouverture décape résolument les tympans avec des turbines vrombissantes mêlées à des violons grandiloquents alors que Too Much Not Enough, avec les punks australiens de The Death Set, donne une impression de remix survolté des Beastie Boys.
Sur Burial ou l'excellent No Way final, c'est une énergie rock rappelant les français de Nasser qui prédomine, avant un ton un peu plus pop sur le remix de Dying Kings par We Are Match et son chant à la Phoenix.

La platine vient se glisser subtilement au milieu de tout ça avec quelques scratchs énergiquement dispensés pour rappeler le background turntablist du groupe.
Un nom à noter pour ceux qui aiment secouer la tête en écoutant du son.

Bonus :

- 2 titres sont en écoute dans le lecteur du blog.

- Le clip du titre No Way extrait de Death On Wheels :

3 nov. 2013

Groove Music : aux origines du turntablism et de la scratch music

Le livre de Mark Katz dresse l'histoire des DJ hip-hop et de leurs expérimentations aux platines...

Alors que j'écrivais mon livre sur les DJ français et que je cherchais à retracer le palmarès des compétions de scratch, Le Jad (voir Le Jad, producteur de disques à scratcher) m'a conseillé Groove Music : The art and culture of the hip-hop DJ (2012, Oxford University Press), un des seuls livres à aborder ce sujet.
Si le début de l'ouvrage revient sur un domaine plus largement documenté, les origines du hip-hop, la suite est plus inédite. Il évoque notamment les battles et les premiers albums de DJ. Outre quelques compilations - Return of the DJ, Deep Concentration et Altered Beats - Assassin Knowledges Of The Remanipulated - il revient sur 5 disques de 4 artistes qui ont marqué les bacs de leur empreinte :

DJ Shadow - Endtroducing... (Mo Wax - 1996)
Pas forcément connu comme un album de DJ, Endtroducing... serait pourtant le premier long format enregistré uniquement avec des platines et un sampler. S'il ne peut être considéré comme un disque de scratch music car il repose principalement sur des boucles, il contient tout de même un certain nombre de passages scratchés. Cet album dépasse bien entendu en terme de style largement les frontières du hip-hop, mais DJ Shadow observe dans le livre de Mark Katz que c'est purement un disque élaboré dans un esprit hip-hop, tant dans l'utilisation des platines que dans sa conception "do it yourself".


DJ QBert - Wave Twisters - Episode 7 Million : Sonic Wars Within The Protons (Galactic Butt Hair Records - 1998)
Plus clairement identifié comme un DJ de compétition et un scratcheur d'exception, QBert fait aussi partie des précurseurs en matière de scratch music avec cet album à la frontière entre la composition classique et le show de DJ. Mark Katz considère Wave Twisters comme l'équivalent turntablist d'un opéra rock. Le disque met en son l'amour du DJ pour les Ovni, en contant l'histoire d'un dentiste capitaine de vaisseau spatial qui affronte divers adversaires à coup de nombreux lasers et à l'aide de sa montre-platine vinyle. Un dessin animé visant à accompagner en image cet album a vu le jour en 2001.



Kid Koala - Carpal Tunnel Syndrome - Some Of My Best Friends Are DJs (Ninja Tune - 2000 - 2003)
Avec ces 2 albums, le Canadien a forgé son style en créant ses morceaux à partir de boucles jazzy et dynamiques. Son univers cartoonesque (il fait d'ailleurs de la BD) et ludique trouve toute sa place sur les platines qu'il manipule avec une impressionnante facilité pour créer des titres peut-être plus conventionnels que les deux précédents. Kid Koala utilise d'ailleurs peu le scratch, préférant manipuler les platines pour créer et jouer ses mélodies, ce qui lui a permis de toucher un public plus large que celui des seuls turntablists.


D-Styles - Phantazmagorea (Beat Junkie Sound - 2002)
Ex-membre des Invisibl Skratch Piklz (avec QBert) et des Beat Junkies (dont certains sont invités sur l'album), D-Styles a lui aussi fait preuve d'originalité au moment de créer son propre univers sur disque. Lui va piocher dans les films d'horreur, avec une petite dose de porno et de comédie. Pour composer, le DJ utilise son matériel de mix habituel auquel il ajoute une machine à écho, à la manière de quelques DJ précurseurs comme Kool Herc. Le résultat est un album assez expérimental, jouant beaucoup sur les ambiances, mais à nouveau pas particulièrement réservé à un public de spécialistes.



Ce regard très anglo-saxon ne doit pas nous faire oublier que les Français, notamment les Birdy Nam Nam (évoqués dans le livre) avec leur premier album en 2005, ne sont pas en reste dans le domaine... Plusieurs compilations de morceaux composés par des DJ sont même sorties en France dès la fin des années1990 grâce à Dee Nasty ou Cut Killer !


Bonus :

- Retrouvez des extraits des albums évoqués disséminés dans le lecteur du blog.

- Innerspace Dental Commander, un extrait du dessin animé illustrant l'album Wave Twisters de DJ QBert :