2 avr. 2012

Only for DJ's, le dossier qui secoue l'univers des clubs

Avec un très intéressant dossier revenant sur 20 ans de culture club, le magazine Only For DJ's dénonce les nombreuses dérives de cet univers...

Rédacteur en chef d'Only For DJ's et auteur du dossier publié en décembre dernier, Ludovic Rambaud a souhaité faire le point sur la situation du clubbing international avec un regard rétrospectif sur les 20 dernières années. Le magazine fêtait justement ses 20 ans en 2011, alors qu'il était en redressement judiciaire, avant finalement de trouver un repreneur pour continuer l'aventure.

Pourquoi avoir publié ce dossier ?

Il m'a été inspiré par une accumulation d'anecdotes de DJ et d'agents qui allaient dans le même sens. Le système a changé et n'a pas évolué pour le mieux. On peut se réjouir que les DJ soient bankables, mais il y aussi des vices dans le système. L'argent est tabou dans ce milieu et personne ne veut en parler.

Comment ces vices sont-ils apparus ?

Le début des années 2000, à la suite de la vague french touch, a constitué un tournant. Il y a alors eu un formatage de la musique électronique, les morceaux longs ont laissé la place à des formats médias de 3'30. La musique de club a de plus en plus été destinée à un public très large. Tous les DJ internationaux sont devenus également producteurs et ont fixé eux-mêmes leur valeur. C'était le début de l'engrenage.
Il y a 20 ans, les DJ n'étaient pas autant mis en avant, même dans la position des cabines DJ dans les clubs. De plus, tout un tas d'acteurs s'est greffé autour des DJ car ils avaient un potentiel économique.


Tu dénonces un certain formatage musical, vient-il des DJ ?


Il y a des plus en plus de DJ sur le marché international, nous sommes passés d'une petite à une grande famille. Et il y a en effet par ailleurs, technologie aidant, un formatage musical par style. Toute la musique est désormais disponible sur Internet, les DJ n'ont plus d'avance et les playlists sont de plus en plus les mêmes. Avant, pour tourner sur le circuit traditionnel, il fallait du talent. Pour avancer, il fallait maîtriser les platines vinyles, une capacité de programmation, de l'énergie. Aujourd'hui c'est l'inverse, les jeunes DJ, grâce aux logiciels, arrivent sur le marché sans savoir mixer.

Quelle conséquence a la montée des cachets sur le clubbing ?

La conséquence directe est que beaucoup de clubs n'ont plus du tout les moyens de se payer ces DJ, même s'ils avaient l'habitude de les faire venir avant. Nous sommes dans la seule logique de l'offre et la demande avec des DJ qui ne réfléchissent qu'en terme purement économique. Ils ne traitent d'ailleurs plus directement avec les clubs, mais passent par des agents. Par exemple, le Suédois DJ Avicii a 23 ans, il a cinq ans de métier, est classé n° 6 du top 100 de DJ Mag, son cachet a augmenté au fil des années et aujourd'hui un club français ne peut plus se le payer.

Quels sont les facteurs de cette évolution ?


Le clubbing s'est internationalisé, il y a désormais des nouvelles destinations qui ont pris le dessus sur la vieille Europe comme Dubaï ou les Etats-Unis, mais aussi d'autres plus improbables comme l'Albanie, la République Tchèque, ou la Croatie. Ce sont des destinations fortes car il y a plus d'argent.
Les Etats-Unis sont devenus l'eldorado des DJ et l'Angleterre, la France ou l'Allemagne sont obligés de s'aligner. Les gros événements clubs français ont de plus en plus de difficultés à boucler leurs budgets. Cette année, David Guetta préfère d'ailleurs tourner dans des salles de concert plutôt que de faire des clubs.


Dans ton dossier, tu ne fais pas que critiquer. Peux-tu détailler les solutions que tu proposes ?

Au niveau du système de rémunération des DJ, il y a une vraie hypocrisie. L'argent est devenu le critère numéro un des DJ, mais dans les interviews, ils affirment tout le contraire, déclarant qu'ils ne sont guidés que par la musique. Si les DJ et les agents mettaient vraiment leur amour de la musique en premier, ils pourraient trouver une nouvelle solution de rémunération. Au lieu d'un versement de la totalité du cachet à l'avance, le DJ devrait estimer la valeur artistique du lieu et demander une partie du cachet avant de jouer, puis être payé en fonction de la soirée et de sa réussite.

Tu souhaites aussi qu'il y ait plus de prises de risques au niveau artistique ?

On retrouve tout le temps les mêmes DJ aux mêmes endroits et beaucoup de jeunes talents ne sont pas mis en avant. On retrouve toujours les mêmes têtes d'affiche dans les festivals car les programmateurs réfléchissent sur la capitalisation de l'image. Quand un directeur artistique fait sa programmation, il préfère se prendre un vent d'un DJ international que de choisir un jeune DJ. Les vrais talents sont ignorés car les directeurs artistiques ne jouent plus leur rôle de défricheur qui permettrait à de nouvelles têtes d'émerger.

Bonus :

- Le top 100 de DJ Mag qui reflète les DJ les mieux payés (attention les yeux).

- Une analyse (aussi critique) du bilan dance 2011 dans Only For DJ's.

1 commentaire:

  1. Et oui Ludovic a bien raison, on n'est pas dj du jour au lendemain mais les logiciels informatiques arrivent à faire croirent le contraire malheureusement. Etant résident en club j'ai vu des tas de pseudo dj venir aux platines et je me suis rendu compte que la playlist est préparé a l'avance et qu'étrangement ils jouent tous la même chose pendant leur set (de la dance avec des rappeurs qui gueulent par dessus...horrible) et ne font meme pas l'effort d'envoyer un mix convenablement (un petit coup de sirène et c'est reparti!!!) mais le pire à mon gout c'est l'irrespect des "clubbers" envers les dj's résident qui se voient dictés les morceaux qu'ils doivent passé par une clientèle qui s'en fout pas mal si vous l'avez déja joué, et c'est pas fini, on va en manger sévère du zouk et du raggaeton et de la pseudo dance car les artistes (si on peut les appelés ainsi) qui produisent ces hits pour radio en 3 lettres coutent hélas moins chers que les artistes electros et donc vont envahir nos pauvres clubs dans les années a venir, pour ma part je deserte les platines du club ou je suis résident des la fin du mois car la passion passe avant le ponion (ce qui n'est pas le cas de tous le monde...) Chris Vila

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