Le champion du monde DMC 2000 a créé le sxrxtch pour scratcher sur scène comme un guitare heros.
Composé de Kodh (chant, scratch, clavier) et Rhom (boîte à rythme, clavier), Voice Hands Machine a publié le 15 mai 2012 un maxi trois titres, Cold Jam EP, dans lequel le duo continue d'explorer une électro-pop synthétique et rythmée sur laquelle se pose une voix légère.
Si le scratch est absent de leurs compositions en studio, il fait son apparition en concerts, pour lesquels le vainqueur de la première battle for world supremacy du DMC en 2000 a inventé un instrument particulier... le scrxtch.
"C'est une platine CD couplée à une console de mixage qui se porte comme une guitare ou une basse. J'ai pris une platine qui a un design de platine vinyle et une table à deux voies, j'ai reprogrammé le tout et déplacé les boutons de contrôle pour une meilleure prise en main", explique l'intéressé dans le magazine Trax de mai 2012.
Démonstration :
Le dispositif peut aussi être connecté aux logiciels Serato ou Traktor pour multiplier les possibilités. Toujours dans Trax, Kodh indique qu'"avec le scrxtch, le DJ peut enfin faire corps avec son instrument. Il peut se livrer à des performances inédites et exprimer de nouvelles attitudes et créer de nouvelles techniques."
Le Français cherche ainsi, comme lorsqu'il faisait des compétitions de scratch, à apporter sa propre touche et à "stimuler l'avant garde des musiques électroniques". Il n'y a donc pas que les Scratch Bandits Crew qui sont fans de bricolage autour des platines !
Bonus :
- Le maxi Cold Jam est en écoute sur la page Soundcloud de Voice Hands Machine :
25 mai 2012
21 mai 2012
Erik Rug, DJ passionné depuis 1978
Après 35 ans derrière les platines, le Français continue sa quête de nouvelles tendances dans le seul but de satisfaire le public...
1978 à Nancy, une autre époque pour les DJ. Erik Rug débute, puis vient à Paris où il devient résident du Rose Bonbon, boîte rock-new wave sous l'Olympia. Après un passage à Berlin, il s'installe à La Locomotive (devenue depuis La Machine du Moulin Rouge) où, après avoir joué rock quelques années, il monte les soirées H3O avec Laurent Garnier. La house débarque alors discrètement en France. Il s'en lassera aussi par le suite pour continuer son envie de diversité et de nouveauté. Ce sera avec Waxgroove qu'il accomplira ce désir d'éclectisme. Emission sur Radio Nova puis soirées au Rex Club, c'est aujourd'hui au Nouveau Casino que Rug enchaîne encore les pépites soul et funk...
Dans quel état d'esprit mixes tu aujourd'hui ?
Je ne me suis jamais autant éclaté que maintenant comme DJ, car j'ai un mélange d'expérience et de fraîcheur dans ma musique. Je fais plein de soirées, Googoomuck au Nouveau Casino, les Waxgroove, je suis résident au Silencio, un club très exigeant avec une clientèle très différente et qui attend une musique différente. J'y joue très mainstream, ce qui m'amuse : Kanye West, Katy Perry, Metronomy, Phoenix, Chromatics, Justice… un savant mélange de tout ça pour envoyer de l'énergie communicative donc positive. Je suis dans la recherche permanente de nouvelle musique.
Comment conçois-tu ton travail ?
Un DJ fidélise une clientèle, fait que les gens restent tard et consomment. C'est un aspect à prendre en compte pour un DJ résident. C'est différent pour un flying DJ qui a un promoteur qui doit faire déplacer le public. Moi, j'ai la volonté de faire revenir les gens, de les faire danser.
Et ce n'est pas parce que tu fais ça depuis 30 ans que tu captes tout tout de suite. Il m'arrive de me planter ! Pour Waxgroove, c'est assez spécialisé donc la réussite joue sur la qualité de la sélection. Chaque soir est différent, c'est une recherche perpétuelle et tu peux te casser la gueule d'un disque à l'autre. Mon expérience m'aide mais me dessert aussi car je peux me baser sur une réflexion acquise.
Et techniquement, qu'as tu changé ?
Je mixe avec des vinyles à la Waxgroove et sinon avec mon ordinateur. J'ai mixé pendant un temps avec les CD mais tu te retrouves vite à avoir le même problème de poids qu'avec les vinyles. Tu mets tes classeurs de CD dans des sacs de vinyles et tu as de nouveau des problèmes de dos. J'ai mis deux ou trois mois à encoder des tonnes de morceaux en .wav pour passer à l'ordi.
C'est en train de me révolutionner la tronche dans la manière de mixer, enfin pas techniquement. C'est une assistance statistique qui ne défaillit jamais à la différence de la mémoire. Je n'ai plus besoin d'avoir tous mes disques avec moi, j'ai juste besoin de me souvenir ce que je veux et j'ai des playlists si je n'ai plus d'idées. Je peux aussi rechercher par tempo ou par année.
Comment estimes-tu que le métier a changé ?
Il n'y a aujourd'hui plus de régularité du travail, aucune garantie. C'est devenu un métier particulièrement difficile qui peut s'arrêter du jour au lendemain, si on n'a pas aimé ta prestation par exemple. Il y a énormément de concurrence et il faut connaître des gens sinon tu n'as aucune chance, même si tu as du talent.
Le plus compliqué est quand tu es généraliste car il faut gérer la diversité des styles musicaux. Etre éclectique est un challenge plus difficile à gérer. Quand tu es spécialiste en hip-hop ou en électro, c'est autre chose, tu enfiles les perles. Pour un DJ, si tu ne prends pas de risque, tu ne t'éclates pas, mais en en prenant trop, tu peux te prendre un mur.
Nous sommes aussi dans une ère de consommation plus rapide. Dans les années 1970, on pouvait passer un titre progressif de sept minutes s'il était bon. Maintenant, il faut des phases plus speed, c'est un paramètre qui s'ajoute dans l'évaluation de ton travail. Tu peux toujours passer un morceau long mais il faut bien le placer et repartir vite.
Bonus :
- Un mix Waxgroove - téléchargeable - venu de la page Souncloud d'Erik Rug :
1978 à Nancy, une autre époque pour les DJ. Erik Rug débute, puis vient à Paris où il devient résident du Rose Bonbon, boîte rock-new wave sous l'Olympia. Après un passage à Berlin, il s'installe à La Locomotive (devenue depuis La Machine du Moulin Rouge) où, après avoir joué rock quelques années, il monte les soirées H3O avec Laurent Garnier. La house débarque alors discrètement en France. Il s'en lassera aussi par le suite pour continuer son envie de diversité et de nouveauté. Ce sera avec Waxgroove qu'il accomplira ce désir d'éclectisme. Emission sur Radio Nova puis soirées au Rex Club, c'est aujourd'hui au Nouveau Casino que Rug enchaîne encore les pépites soul et funk...
Dans quel état d'esprit mixes tu aujourd'hui ?
Je ne me suis jamais autant éclaté que maintenant comme DJ, car j'ai un mélange d'expérience et de fraîcheur dans ma musique. Je fais plein de soirées, Googoomuck au Nouveau Casino, les Waxgroove, je suis résident au Silencio, un club très exigeant avec une clientèle très différente et qui attend une musique différente. J'y joue très mainstream, ce qui m'amuse : Kanye West, Katy Perry, Metronomy, Phoenix, Chromatics, Justice… un savant mélange de tout ça pour envoyer de l'énergie communicative donc positive. Je suis dans la recherche permanente de nouvelle musique.
Comment conçois-tu ton travail ?
Un DJ fidélise une clientèle, fait que les gens restent tard et consomment. C'est un aspect à prendre en compte pour un DJ résident. C'est différent pour un flying DJ qui a un promoteur qui doit faire déplacer le public. Moi, j'ai la volonté de faire revenir les gens, de les faire danser.
Et ce n'est pas parce que tu fais ça depuis 30 ans que tu captes tout tout de suite. Il m'arrive de me planter ! Pour Waxgroove, c'est assez spécialisé donc la réussite joue sur la qualité de la sélection. Chaque soir est différent, c'est une recherche perpétuelle et tu peux te casser la gueule d'un disque à l'autre. Mon expérience m'aide mais me dessert aussi car je peux me baser sur une réflexion acquise.
Et techniquement, qu'as tu changé ?
Je mixe avec des vinyles à la Waxgroove et sinon avec mon ordinateur. J'ai mixé pendant un temps avec les CD mais tu te retrouves vite à avoir le même problème de poids qu'avec les vinyles. Tu mets tes classeurs de CD dans des sacs de vinyles et tu as de nouveau des problèmes de dos. J'ai mis deux ou trois mois à encoder des tonnes de morceaux en .wav pour passer à l'ordi.
C'est en train de me révolutionner la tronche dans la manière de mixer, enfin pas techniquement. C'est une assistance statistique qui ne défaillit jamais à la différence de la mémoire. Je n'ai plus besoin d'avoir tous mes disques avec moi, j'ai juste besoin de me souvenir ce que je veux et j'ai des playlists si je n'ai plus d'idées. Je peux aussi rechercher par tempo ou par année.
Comment estimes-tu que le métier a changé ?
Il n'y a aujourd'hui plus de régularité du travail, aucune garantie. C'est devenu un métier particulièrement difficile qui peut s'arrêter du jour au lendemain, si on n'a pas aimé ta prestation par exemple. Il y a énormément de concurrence et il faut connaître des gens sinon tu n'as aucune chance, même si tu as du talent.
Le plus compliqué est quand tu es généraliste car il faut gérer la diversité des styles musicaux. Etre éclectique est un challenge plus difficile à gérer. Quand tu es spécialiste en hip-hop ou en électro, c'est autre chose, tu enfiles les perles. Pour un DJ, si tu ne prends pas de risque, tu ne t'éclates pas, mais en en prenant trop, tu peux te prendre un mur.
Nous sommes aussi dans une ère de consommation plus rapide. Dans les années 1970, on pouvait passer un titre progressif de sept minutes s'il était bon. Maintenant, il faut des phases plus speed, c'est un paramètre qui s'ajoute dans l'évaluation de ton travail. Tu peux toujours passer un morceau long mais il faut bien le placer et repartir vite.
Bonus :
- Un mix Waxgroove - téléchargeable - venu de la page Souncloud d'Erik Rug :
18 mai 2012
Turntablism dans Smells Like Hip Hop
La série documentaire sur le hip hop diffusée sur Canal Street consacre son épisode "T" au turntablism...
Les épisodes sur les beatmakers, les origines, le terrain vague de La Chapelle et bien d'autres donnent aussi la parole à des DJ...
Pour naviguer dans les épisodes, cliquez ici.
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15 mai 2012
ParisDJs.com, podcast et éclectisme à l'écart du dancefloor
Derrière le nom "Bureau de tendances musique" se cachent des passionnés de musique qui ne cessent de partager des heures de son via des podcasts...
Le site ParisDJs.com offre un espace aux "vieux DJ qui veulent jouer des disques qu'ils ont kiffé sans avoir pu les passer en soirée", explique Loïk Dury, ancien programmateur de Radio Nova et cofondateur du site avec Djouls.
Tout débute en 2005 à la mort du guitariste de la Motown Willie Hutch. Loïk Dury constate que personne n'en parle et appelle Djouls, bien branché sur Internet, pour demander ce qu'il peut faire. Celui-ci lui propose de faire un podcast. Le site Paris DJs voit alors le jour avec un mix en hommage à Willie Hutch. Le lendemain matin, 125 personnes l'avaient téléchargé sans aucune promotion.
Cette expérience décide les deux hommes à proposer un mix hebdomadaire. Le site a depuis pris du volume et deux nouvelles sélections par semaine sont désormais disponibles en plus d'interviews et de playlists. L'équipe et les activités se sont aussi élargies avec le regard tourné vers la production.
"Aujourd'hui, quand je vais à Tokyo, en Italie ou aux Etats-Unis, dans les magasins de disques, ils connaissent Paris DJs", raconte le cofondateur. La recette de leur réussite ? des podcasts très pointus sur des musiques rarement diffusées en radio et issues de disques souvent rares. Chaque playlist comprend un lien vers le site de l'artiste et la pochette originale.
"De nombreux labels nous envoient de la musique, je fais donc régulièrement des sélections de nouveautés", explique Loïk Dury. A côté de ces "bag of goodies", le site a publié près de 400 mixs dans des styles très variés, funk, soul avec un regard très porté vers l'Afrique, et dont les auteurs sont tout autant issus de l'équipe maison que de l'extérieur...
Parfait pour s'aérer l'esprit, se découvrir de nouveaux horizons musicaux ou retrouver les références les plus obscures grâce à des DJ qui partagent ainsi leurs goûts, hors du dancefloor.
Le site ParisDJs.com offre un espace aux "vieux DJ qui veulent jouer des disques qu'ils ont kiffé sans avoir pu les passer en soirée", explique Loïk Dury, ancien programmateur de Radio Nova et cofondateur du site avec Djouls.
Tout débute en 2005 à la mort du guitariste de la Motown Willie Hutch. Loïk Dury constate que personne n'en parle et appelle Djouls, bien branché sur Internet, pour demander ce qu'il peut faire. Celui-ci lui propose de faire un podcast. Le site Paris DJs voit alors le jour avec un mix en hommage à Willie Hutch. Le lendemain matin, 125 personnes l'avaient téléchargé sans aucune promotion.
Cette expérience décide les deux hommes à proposer un mix hebdomadaire. Le site a depuis pris du volume et deux nouvelles sélections par semaine sont désormais disponibles en plus d'interviews et de playlists. L'équipe et les activités se sont aussi élargies avec le regard tourné vers la production.
"Aujourd'hui, quand je vais à Tokyo, en Italie ou aux Etats-Unis, dans les magasins de disques, ils connaissent Paris DJs", raconte le cofondateur. La recette de leur réussite ? des podcasts très pointus sur des musiques rarement diffusées en radio et issues de disques souvent rares. Chaque playlist comprend un lien vers le site de l'artiste et la pochette originale.
"De nombreux labels nous envoient de la musique, je fais donc régulièrement des sélections de nouveautés", explique Loïk Dury. A côté de ces "bag of goodies", le site a publié près de 400 mixs dans des styles très variés, funk, soul avec un regard très porté vers l'Afrique, et dont les auteurs sont tout autant issus de l'équipe maison que de l'extérieur...
Parfait pour s'aérer l'esprit, se découvrir de nouveaux horizons musicaux ou retrouver les références les plus obscures grâce à des DJ qui partagent ainsi leurs goûts, hors du dancefloor.
8 mai 2012
DJ RLP, pionnier désabusé du DJing
Après 30 ans de carrière, DJ RLP préfère ranger les platines que travailler dans de mauvaises conditions...
Il est venu du Canada en 1983 avec le DJing dans ses bagages. Au travers de ses mixs sur toute la bande FM (de RFM à FG en passant par Skyrock, Radio 7 ou Europe 2) et dans de nombreux clubs, dont des résidences aux Bains, au Palace ou au Queen, Robert Levy-Provençal (RLP) a porté la bonne parole pour pousser les Français à passer du bon vieux pousseur de disque au vrai DJ. Il a finalement réussi à mettre le DJ au centre de l'attention, mais dans un climat qui ne le satisfait pas... loin de là.
Comment étais-tu reçu dans les clubs quand tu es arrivé en France ?
Les gens ne comprenaient pas vraiment les DJ, ce qui est d'ailleurs encore le cas aujourd'hui… Parfois, il fallait jouer Les Démons de minuit après du Chic ou Planet Rock de Bambaataa ! Le matériel dans les clubs n'était pas du tout adapté, il fallait scratcher sur des platines à courroie… j'ai d'ailleurs parfois endommagé les tables de mixage. Avoir une fiche technique était une injure, il fallait faire très attention où on mettait les pieds. Comme j'ai installé ce concept en France, j'ai essuyé les plâtres. Les clubs n'ont toutefois compris que récemment qu'il fallait une fiche technique pour un DJ, avant je n'avais par exemple des retours qu'une fois sur cinq…
Comment cette situation a-t-elle changé ?
A Paris, le premier qui a compris qu'il fallait inviter des DJ guest est David Guetta lorsqu'il était directeur artistique du Queen en 1993. Il a tout d'abord fait venir David Morales qui n'était pas encore connu. C'était assez inconcevable de dire qu'on allait lui payer l'hôtel, l'avion, etc. alors qu'il n'y avait qu'une infime partie du public qui connaissait les DJ, ça concernait surtout le 8 et le 9e arrondissement de Paris. Le Queen a vraiment ouvert les portes de ce phénomène. Les autres clubs l'ont ensuite compris au fur et à mesure, faisant venir d'abord des bons DJ et aujourd'hui des DJ connus.
Justement, comment as-tu vu évoluer le milieu club et DJ ?
Les choses sérieuses ont débuté au milieu des années 1990 avec la french touch, qui restait toutefois un phénomène parisien, avec quelques DJ connus en France mais surtout à l'export. De 1995 à 2005, il n'y avait toutefois pas encore beaucoup de DJ. Il fallait avoir des vinyles, une culture musicale, etc. Il y avait quelques DJ stars, comme Carl Cox, mais tous les clubs ne pouvaient pas se les payer. Les DJ devait être bons et s'adapter.
Aujourd'hui, tout le monde est DJ, a les mêmes morceaux et faire venir un DJ en club n'a rien d'attractif. Il faut booker des DJ connus, ce qui veut dire qu'ils ont un titre en radio, et pas n'importe laquelle, et peu importe comment ils mixent. Cette situation rend la vie difficile pour les DJ qui ne savent pas produire de musique.
Les cachets des DJ ont aussi évolué de ce fait ?
Il y a eu une surenchère, les DJ savent qu'ils ont une valeur marchande et demandent de plus en plus d'argent. Cela devient difficile pour un club de lâcher 10 ou 15 000 euros pour faire venir un DJ. Chiffre qui augmente de 15 à 20 % par an. Il y a 20 ou 30 clubs en France qui peuvent se le permettre, mais comme il y a 2 000 lieux de nuit, il faudra passer à autre chose. Les grosses stars ne sont de toutes façons plus en club.
Ces derniers ne peuvent se payer que des DJ qui demandent entre 2 000 et 4 000 euros, mais ils n'ont pas de garantie de faire plus de monde qu'avec leur résident payé 200 euros la soirée. Il se créé un gouffre et certains patrons se demandent s'ils ne feraient pas mieux d'investir leur argent autrement, dans l'animation ou l'accueil, et de valoriser leur DJ résident. Car les DJ ne baisseront pas leurs tarifs car les contraintes budgétaires ne sont pas les mêmes au niveau international.
Comment vis-tu cette situation personnellement aujourd'hui ?
Je ne peux plus faire mon métier. J'ai pris la décision fin 2011 d'arrêter de mixer dans ces conditions, du fait aussi que je ne suis pas une superstar et que je ne peux donc m'exprimer comme je veux. Je joue seulement quand on me le propose et je pose des conditions draconiennes, qui sont artistiques et pas financières. Il y a un an, je demandais un cachet minimum, maintenant mon gagne pain est ailleurs - je gère deux agences de booking -, je suis donc seulement attentif à la clientèle et à l'ouverture musicale. Je veux faire mon métier dans des conditions dans lesquelles le public pourra apprécier, ce qui arrive encore de temps en temps.
Bonus :
- Le site d'une des agences de booking de RLP, Evidence Agency.
- Retrouvez l'interview de Ludovic Rambaud, rédacteur en chef d'Only for DJ's, qui dresse le même constat sur la situation des DJ en France.
Il est venu du Canada en 1983 avec le DJing dans ses bagages. Au travers de ses mixs sur toute la bande FM (de RFM à FG en passant par Skyrock, Radio 7 ou Europe 2) et dans de nombreux clubs, dont des résidences aux Bains, au Palace ou au Queen, Robert Levy-Provençal (RLP) a porté la bonne parole pour pousser les Français à passer du bon vieux pousseur de disque au vrai DJ. Il a finalement réussi à mettre le DJ au centre de l'attention, mais dans un climat qui ne le satisfait pas... loin de là.
Comment étais-tu reçu dans les clubs quand tu es arrivé en France ?
Les gens ne comprenaient pas vraiment les DJ, ce qui est d'ailleurs encore le cas aujourd'hui… Parfois, il fallait jouer Les Démons de minuit après du Chic ou Planet Rock de Bambaataa ! Le matériel dans les clubs n'était pas du tout adapté, il fallait scratcher sur des platines à courroie… j'ai d'ailleurs parfois endommagé les tables de mixage. Avoir une fiche technique était une injure, il fallait faire très attention où on mettait les pieds. Comme j'ai installé ce concept en France, j'ai essuyé les plâtres. Les clubs n'ont toutefois compris que récemment qu'il fallait une fiche technique pour un DJ, avant je n'avais par exemple des retours qu'une fois sur cinq…
Comment cette situation a-t-elle changé ?
A Paris, le premier qui a compris qu'il fallait inviter des DJ guest est David Guetta lorsqu'il était directeur artistique du Queen en 1993. Il a tout d'abord fait venir David Morales qui n'était pas encore connu. C'était assez inconcevable de dire qu'on allait lui payer l'hôtel, l'avion, etc. alors qu'il n'y avait qu'une infime partie du public qui connaissait les DJ, ça concernait surtout le 8 et le 9e arrondissement de Paris. Le Queen a vraiment ouvert les portes de ce phénomène. Les autres clubs l'ont ensuite compris au fur et à mesure, faisant venir d'abord des bons DJ et aujourd'hui des DJ connus.
Justement, comment as-tu vu évoluer le milieu club et DJ ?
Les choses sérieuses ont débuté au milieu des années 1990 avec la french touch, qui restait toutefois un phénomène parisien, avec quelques DJ connus en France mais surtout à l'export. De 1995 à 2005, il n'y avait toutefois pas encore beaucoup de DJ. Il fallait avoir des vinyles, une culture musicale, etc. Il y avait quelques DJ stars, comme Carl Cox, mais tous les clubs ne pouvaient pas se les payer. Les DJ devait être bons et s'adapter.
Aujourd'hui, tout le monde est DJ, a les mêmes morceaux et faire venir un DJ en club n'a rien d'attractif. Il faut booker des DJ connus, ce qui veut dire qu'ils ont un titre en radio, et pas n'importe laquelle, et peu importe comment ils mixent. Cette situation rend la vie difficile pour les DJ qui ne savent pas produire de musique.
Les cachets des DJ ont aussi évolué de ce fait ?
Il y a eu une surenchère, les DJ savent qu'ils ont une valeur marchande et demandent de plus en plus d'argent. Cela devient difficile pour un club de lâcher 10 ou 15 000 euros pour faire venir un DJ. Chiffre qui augmente de 15 à 20 % par an. Il y a 20 ou 30 clubs en France qui peuvent se le permettre, mais comme il y a 2 000 lieux de nuit, il faudra passer à autre chose. Les grosses stars ne sont de toutes façons plus en club.
Ces derniers ne peuvent se payer que des DJ qui demandent entre 2 000 et 4 000 euros, mais ils n'ont pas de garantie de faire plus de monde qu'avec leur résident payé 200 euros la soirée. Il se créé un gouffre et certains patrons se demandent s'ils ne feraient pas mieux d'investir leur argent autrement, dans l'animation ou l'accueil, et de valoriser leur DJ résident. Car les DJ ne baisseront pas leurs tarifs car les contraintes budgétaires ne sont pas les mêmes au niveau international.
Comment vis-tu cette situation personnellement aujourd'hui ?
Je ne peux plus faire mon métier. J'ai pris la décision fin 2011 d'arrêter de mixer dans ces conditions, du fait aussi que je ne suis pas une superstar et que je ne peux donc m'exprimer comme je veux. Je joue seulement quand on me le propose et je pose des conditions draconiennes, qui sont artistiques et pas financières. Il y a un an, je demandais un cachet minimum, maintenant mon gagne pain est ailleurs - je gère deux agences de booking -, je suis donc seulement attentif à la clientèle et à l'ouverture musicale. Je veux faire mon métier dans des conditions dans lesquelles le public pourra apprécier, ce qui arrive encore de temps en temps.
Bonus :
- Le site d'une des agences de booking de RLP, Evidence Agency.
- Retrouvez l'interview de Ludovic Rambaud, rédacteur en chef d'Only for DJ's, qui dresse le même constat sur la situation des DJ en France.
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