15 janv. 2012

Disque de platines

(Article publié dans Only for DJ's en novembre 2005)

Au lendemain d’une victoire aux championnats DMC par équipe en 2002, les Birdy Nam Nam, composé de Crazy B, DJ Pone, DJ Need et Little Mike, décident de se lancer dans la réalisation d’un album joué entièrement avec des platines vinyles.
Le résultat, bien loin d’une intense débauche de scratchs, offre une large palette d’influences musicales et une grande créativité. Leurs morceaux prennent toute leur force en concert lorsqu’ils dévoilent leurs techniques de fabrication.

Quatre DJs concentrés dont les têtes balancent pendant six minutes sur un beat et quelques scratchs, ça sent la routine de championnat. Quatre DJs qui se font plaisir sur des compositions à la basse imposante et qui double le tempo, ce sont les Birdy Nam Nam. Crazy B, DJ Pone, DJ Need et Little Mike sont les rescapés de l’aventure Scratch Action Hiro, collectif de DJs français notamment vainqueur du championnat ITF en 2000.
Lors du split, ces quatre là décident de continuer ensemble et créent Birdy Nam Nam en vue de participer aux championnats DMC 2002. Le titre par équipe sera conquis sans DJ Pone engagé dans la compétition individuelle. Ceci clos le premier épisode du groupe.

La victoire passée, leur nouveau challenge n’est plus d’être les meilleurs du monde, mais de faire de la musique. “Nous ne savions pas vraiment où nous voulions aller avec cet album, mais nous avions l’idée de tout faire aux platines”, précise Crazy B. Chacun apporte sa touche, sa technique et ses influences. “C’est une sorte de Tetris où les sons s’empilent les uns après les autres”, explique DJ Need.
“Avec notre méthode de travail, il faudrait revoir le concept de samples, car nous faisons une utilisation différentes des sons. Nous manipulons des éléments très isolés et nous modifions les notes”, poursuit-il.
 Un passage sera très jazz, un autre beaucoup plus deep, un morceau sera très entraînant et le suivant plus tranquille. Un accordéon ici, une guitare saturée là. Le résultat est riche, les boucles inédites. DJ Pone signale qu’à quatre, “toutes les influences sont mélangées”. Et si le scratch est présent, ce n’est pas l’élément principal et le recours aux platines se ressent sans être central.

Pour les besoins de l’enregistrement, deux vinyles contenant divers mélodies samplées ou jouées par des musiciens ont été pressés. D-Styles, invité par ailleurs sur l’album, est un des rares à avoir essayé ce même concept du “tout platine” sur son abum Phantazmagorea sortie en 2002. Mais si le groupe doit citer une influence en terme de DJing, il avoue surtout celle des légendaires Invisibl Skratch Piklz (Q-Bert, Mix Master Mike et Apollo), les premiers à scratcher en équipe.

En février 2004, l’album est bouclé et il semble pouvoir toucher un plus large public que les Birdy Nam Nam ne le présageaient. Ils partent alors en quête d’une maison de disque. “La musique a plu, mais nous ne rentrions dans un aucun format”, rapporte DJ Need.
En attendant une signature, ils ne perdent pas de temps : ils enchaînent une trentaine de dates et sortent deux maxis extraits de l’album. Le groupe s’entend finalement avec UWE et même si “le temps d’attente a été profitable, selon Crazy B, la sortie est une libération”. Cette signature leur permet de faire aboutir leur projet et d’y ajouter un DVD afin de donner plus qu’un disque.

Samedi 15 octobre 2005, la petite salle parisienne de la Maroquinerie affiche complet pour le concert des Birdy Nam Nam. DJ Pone est déchaîné, prêt à tout pour faire crier la salle et motiver ses collègues. “Nous cherchons l’efficacité, mais avec un travail plus en longueur que dans les compétitions”, estime-t-il.
Avec la multiplication des dates, leur show a pris de la bouteille comme le concède DJ Need : “nous tenons mieux notre set maintenant”. DJ Pone parle de plus en plus pour expliquer qui joue la basse ou la batterie ou donner les titres. Les lumières sont aussi plus rodées permettant de mettre en valeur les solos de chaque DJ. “Les rôles s’organisent en fonction des capacités de chacun, Little Mike a, par exemple, plus de parties de batterie”, précise Crazy B.
DJ Need explique pour sa part que “les compétitions ont plus de règles et de limites. En concert, nous rejouons l’album et cela nous donne plus de plaisir”. Et avec une percussionniste et un clavier spécialement invités pour la date parisienne, le plaisir semble encore plus grand.

Pour rejouer les titres en live, ils ont dû s’organiser : “des séquences sont envoyées sur CD car certains morceaux contiennent plus de 15 pistes que nous ne pouvons pas toutes jouer en même temps”, détaille Crazy B. Certaines boucles sont donc parfois interprétées par un des quatre DJs puis l’enregistrement prend le relai pour qu’il passer à un autre son.
Des vinyles ont aussi été pressés pour que chacun ait sa partie sur un support distinct.

La présence des Birdy Nam Nam sur différents festivals est un autre type de challenge et de reconnaissance. Après l'Ososphère à Strasbourg et Marsatac à Marseille, ils ont été retenus pour les Transmusicales de Rennes. “Il y a beaucoup de gens qui nous découvrent et ça se passe généralement bien, voire très bien”, assure DJ Pone.
Need ajoute qu’ils sont “souvent la bonne surprise du festival”.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire