Je ressors cette interview en hommage à un DJ parti trop tôt un jour de septembre 2011... repose en paix.
Un producteur français qui a brillé autant dans le rap que dans la musique électronique, DJ par dessus le tout, il n'y en a pas des tonnes. On en a interviewé un des rares, DJ Mehdi, à l'occasion de la sortie de son album de remix, Red, Black & Blue, qui permet de découvrir des titres passés ou présents du bonhomme dans des styles assez variés.
Commençons pas le commencement, peux-tu nous raconter tes premières expériences de producteur ?
Aussi loin que j'ai eu l'envie ou l'ambition de faire de la musique, ou même d'être simplement DJ, ça a toujours été pour faire du rap. Pour le dire autrement, le rap est antérieur à mon désir d'être musicien. J'ai d'abord voulu danser, puis taguer, puis rapper, puis beat-boxer. J'étais dans le hip-hop, ensuite je suis devenu DJ, puis compositeur, etc...
Quels souvenirs as-tu de cette période quand la Mafia K'1fry n'était pas encore très connue ?
D'excellents souvenirs. On était tous très jeunes, je connais par exemple Kery, Rohff et le 113 depuis que j'ai 15 ans. J'en ai 32 aujourd'hui.
On apprenait la musique en même temps que la vie. On était tout le temps ensemble.
Il y a eu ensuite le succès, surtout avec le 113, et puis les premières tentatives plus électro, comment as-tu glissé du rap à l'électro ?
En 1996, après le premier album d'Idéal J, j'ai eu un coup de fil de MC Solaar. Il m'a demandé de venir à son studio, de lui faire écouter des
instrus, de participer à la production de son 3e album. C'est là que j'ai rencontré Zdar et Boombass de Cassius - à l'époque Motorbass et La Funk Mob.
Ils m'ont
fait écouter leurs disques, puis emmené avec eux en tournée, mixer
en Angleterre et aux USA. Sur une date à New-York, en 1998, j'ai
rencontré Pedro (Winter aka Busy P, NDLR)
et les Daft Punk. De fil en aiguille, Pedro et moi nous sommes rapprochés. Pour résumer, tout fut une affaire de rencontres.
Le premier album, les maxis sur la label Espionnage, comment se sont passés ces débuts solo ?
D'abord, il faut rappeler que je n'était jamais vraiment solo au début d'Espionnage. Il y avait toujours Manu Key avec moi, que ce soit derrière le
sampler ou chez le banquier. L'idée du label, c'était vraiment tous les deux. D'ailleurs, les premiers maxis du label, Rohff, Rocé, 113, Karlito,
sont tous des projets
menés en duo. Manu Key est complètement central dans la naissance
d'Espionnage. De même, l'équipe de Chronowax, notre distributeur à
l'époque, et de 360 Design, notre graphiste/marketing,
faisaient intégralement partie de l'équipe. Ensuite, l'idée de faire
de la musique instrumentale, seul, était déjà présente dans les
premiers albums d'Idéal J et de 113, où de longs interludes
musicaux ponctuaient toujours les disques.
Et puis tu as trouvé une sorte de nouvelle famille avec Ed Banger...
Tout ça fut très progressif. Comme je
te l'ai dit, je connais Pedro depuis plus de dix ans. Il y a eu
plusieurs étapes avant d'arriver à l'Ed Banger :
d'abord il y avait "la bande des Daft", puis Headbangers Entertainment, avec Cassius, Cosmo Vitelli et Thomas Winter&Bogue. Enfin, le label Ed Rec, avec So-Me, Mr
Flash et Justice d'abord en 2003, puis dans un deuxième temps Sebastian, Uffie, Feadz et Mr Oizo, vers 2006. On pourrait également ajouter Kavinsky,
et les Institubes avec Surkin et Para One notamment, tout ça donnant naissance à une scène assez homogène, et très unie. Quelques bons maxis, quelques belles fêtes - en
Angleterre surtout -, et une bonne émulation générale.
Te sens-tu un peu à part, par ta musique ou ton "ancienneté", par rapport aux autres groupes du label ?
Non, pas du tout. Chacun, dans le
label, a une personnalité et un son propres. Il n'y a guère que
Sebastian et Justice que tu aurais pu rapprocher excessivement en
2006/2007, mais ça n'est plus le cas aujourd'hui. Pedro a toujours
veillé à ce que l'équipe reflète ses goûts musicaux : éclectiques et
divers.
Tu viens de sortir un album de
tes remixs, dont certains datent pas mal, pourquoi ce choix de l'album
de remix et comment les as-tu choisi ?
Il n'y a aucune règle. La seule
constante pour moi, c'est m'amuser. Je choisis au feeling, des artistes
que je connais ou pas, pour des labels cool ou des majors,
gratuitement - souvent - ou pour beaucoup d'argent - parfois. Le
truc le plus important reste pour moi la rythmique. beat/basse, c'est ce
à quoi je m'attaque en premier.
On sent une certaine continuité dans ces remixs, comment définirais-tu ton style, ta patte que l'on retrouve souvent ?
J'ai beaucoup de mal à porter des
appréciations sur ma propre musique, je préfère laisser ça à chacun,
public ou journalistes. La musique a pas mal changé depuis
1999, l'industrie aussi, le matériel et les possibilités également.
J'essaie de me tenir à ma ligne, là où me mènent mes mains et mes
oreilles.
Quels sont tes projets musicaux et tes envies ?
Beatmaking and having fun.
Quels sont les groupes de rap et les artistes de musique électronique qui ne quittent pas ta platine en ce moment ?
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